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| Dans l'cochon tout est bon |
Philibert est un garçon charmant, qui fait volontiers les courses de sa logeuse. C'est sur une magnifique plage, où la température de l'eau est maintenue par une usine toute proche, que le jeune homme prend ses vacances. Il fait la connaissance de Léa, jolie anorexique, qui bronze, un masque à gaz sur le visage. Elle disparaît, quelques jours plus tard, laissant le pauvre garçon désemparé. Les retrouvailles auront lieu sur son lieu de travail, la morgue. Philibert est médecin-légiste et Léa, peintre en quête de nouveaux modèles. Après une courte histoire qui va l'immerger dans le monde des phobies et des obsessions de Léa, Philibert s'échappe... |
  oslonovitch
| Une bien curieuse BD, qui m'a demandé une deuxième lecture pour vraiment l'apprécier. Ce qui, au début, ne paraît être qu'une ambiance, se révèle en réalité une authentique histoire, qui dénonce pas mal d'abus et de travers de notre société de consommation, égoïste et démagogique.
C'est une BD qui n'aspire pas au rire façon loufoque mais plutôt au sourire amer, jaune, parce que nous nous reconnaissons forcément dans un des personnages de cette BD vraiment originale.
J'ai du faire un effort pour passer au dessus d'un dessin que je n'appréciais pas de prime abord, mais qui ensuite, ne m'a plus posé de problème.
Je conseille vivement la lecture de cette BD pour tous ceux qui recherchent de l'ironie, de l'originalité et une façon de prendre du recul pour mieux observer notre société... |
NDZ
| Ogres obèses, décors urbains et monde fantastique et décalé... tout ça a un petit air de déjà vu. Et quand au détour d'un square on apercoit une vieille dame sur un banc qui nourrit des pigeons, le déclic est immédiat : influence De Crécy ! (à ce propos, le nouveau dessin animé de Chomet sort bientôt) Mais attention, nous ne sommes surtout pas en présence d'un Vieux Monsieur Fruit Céleste et les Pigeons, ces composantes font juste partie d'un hommage (avoué au coin d'une case : La vieille dame et les pigeons est à l'affiche d'un cinéma).
L'oeuvre est en elle-même personnelle, novatrice et reussie tant sur le plan scénaristique que graphique. Mazan mélange les genres et obtient un univers cohérent, prenant et tendre. Conte, polar?, satire du consumérisme, de la pub et de la mode, combat écologique et gastronomique, tout est bon dans ce livre! Cette grande qualité reste même constante lorsqu'au milieu du récit, on change un peu de registre et que l'on tombe dans une agréable chronique amoureuse, touchante et sincère.
Le tout avec une fin qui m'a chamboulé. Bravo. |
CoeurDePat
| Bizarrement la couverture de cet album ne m’avait jamais donné envie de l’ouvrir et de le feuilleter. Bizarrement, car en fait j’adore le dessin de Mazan, et l’intérieur de cet album ne fait pas exception, puisque le dessin y est superbe, avec des personnages extrêmement caricaturaux, et des couleurs véritablement sublimes, qui créent une ambiance étonnante.
Ladite ambiance est également suscitée par les personnages particulièrement savoureux : ces énormes bonnes femmes grassement joyeuses, qui ne pensent qu’à manger de la viande, la gigantesque bouchère, une espèce d’ogre de la charcuterie, les employés de l’usine de gélatine, à la tête d’orque… et Léa, bien sûr !
Plus encore que les personnages, c’est l’abondance et la cohérence d’une foule de petits détails qui pose le décor : panneaux publicitaires portant des parodies de slogans finement étudiées, panneaux, enseignes de magasins, et bien d’autres détails qui soulignent parfois le propos de la case en cours d’une manière étonnante, et qui demandent une attention assez soutenue.
C’est un album fait avec une grande intelligence et un grand souci du détail, et ça j’aime vraiment beaucoup. Je ne sais si Mazan a réellement quelque chose contre la publicité qui nous submerge, contre les grandes compagnies qui mettent n’importe quoi dans la nourriture que l’on achète, contre la pollution en général, mais il traite le thème d’une façon très ironique et habile, presque en second plan.
L’histoire, découpée en trois chapitres (plus un épilogue) n’est pas exactement une aventure, mais plutôt un morceau de la vie de Philibert et de sa rencontre avec la jolie Léa. Je ne sais s’il y aura un jour un deuxième tome, mais au vu de la qualité de celui-ci, je ne peux que le souhaiter ardemment ! |
flop
| Le trait de Mazan m'a d'emblée séduit, sur cet album. Précis, léger, lâché, renforcé d'une mise en couleur très sympathique, il présente un univers décalé, empreint des convictions de son auteur, sans que jamais elles ne deviennent pesantes. On découvre un sacré talent d'illustrateur, et un gars qui n'en rajoute pas dans les effets gratuits: c'est franc et original.
Mazan fait partie de ces auteurs que j'envie à cause de ce que personne ne peut imiter: une vision et un propos extrêmement personnels.
Son personnage principal est tout bonnement génial! Philibert, médecin légiste de son état, et largement en dehors des préoccupations quotidiennes de ses contemporains, va profiter de ses vacances pour assouvir son rêve de soleil. Arrivé dans une station balnéaire infâme, il va rencontrer Lea. une petite histoire d'amour, tout ce qu'il pourrait y avoir de classique.
ce serait compter sans l'œil décalé de Mazan. Lea est en effet sujette de nombreux troubles du comportement, du plus cocasse, au plus inquiétant. Leur idylle va vite tourner court, et les petits travers névrotiques de la fine et pale Léa va venir à bout de la patience et de l'amour de Philibert, personne désabusée mais néanmoins optimiste.
La conclusion, surprise triste et irrémédiable, est d'une ironie mordante. De ces petits tours cruels que la vie nous joue à tous.
À travers cette petite histoire fort bien ficelée, Mazan nous parle sans concession de sa vision de notre société. Entre la logeuse de Philibert, énorme et rugueuse, dont le hobby est l'épluchage de prospectus de supermarchés, entre les mille détails qui nous font comprendre que cette société a basculé dans la consommation sordide (vente de gélatine de Bœuf au litre) et la génétique crasse (les vaches folles à visages quasi Humains), on est aspiré dans ce petit univers toujours très juste, que ce soit du point de vue social, technologique, ou environnemental.
C'est peut-être parmi ce qui frappe le plus, a la lecture de cet album: l'accumulation de détails savoureux, toujours tournés vers l'envie de Mazan de nous faire partager son point de vue très spécial. Cette lecture est un moment poétique, hors du temps et léger malgré la noirceur de l'univers représente.
Parce que ce clin d'œil est tout sauf optimiste, et c'est à l'image des gens qui sont un peu en marge de notre société, sans en être exclus, que cette histoire nous renvoie.
Les gens qui peuvent avoir d'autres rêves que ceux qu'on nous matraque quotidiennement. Ceux qui essaient de voir les rouages derrières la machine publicitaire. Ceux qui arrivent à s'enthousiasmer des petits délices simples. ceux qui réfléchissent un minimum à ce qui les entoure, et gardent un œil ouvert, finalement.
Un très beau bouquin, pour conclure, et je viens de voir qu'un tome 2 était paru, que je vais m'empresser d'ajouter à ma ptite collec'...
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