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| Les cinq conteurs de Bagdad |
Il y a bien longtemps, le Calife de Bagdad organisait un concours de conteurs destiné à récompenser le meilleur d’entre eux. Pour le gagnant, la célébrité et la richesse sont au rendez-vous. Pour le perdant, c’est le supplice du pal… Cinq conteurs, réputés les meilleurs malgré leurs différences, décident alors de s’allier et d’accomplir un voyage afin de préparer ce concours… |
  rohagus
| Si j'avais dû me fier à la seule couverture qui ne paie vraiment pas de mine, j'admets que je ne me serais pas intéressé à cette BD. Par chance, j'avais déjà beaucoup apprécié les deux oeuvres précédentes des deux auteurs : "La nuit de l'inca" et "Dieu qui pue, Dieu qui pète". Grâce à cela, je ne suis pas passé à côté de ce bijou d'intelligence et d'imagination !
Le dessin de Duchazeau est assez typé. D'aucuns le comparent à celui de Sfar ou Blutch, moi je lui trouve un style bien personnel. Trait fin, beaucoup de hachures, quelques ombrages, il donne à mes yeux une atmosphère ethérée et magique qui relève le récit puisque c'est exactement ce qui lui convient ici. Quelques cases et planches travaillées - décors de Bagdad, de villes indiennes ou de palais des mille et une nuits - sont formidables. D'autres cases sont un peu plus épurées et font davantage ressortir leurs couleurs un peu trop simples : elles me plaisent un peu moins.
Mais dans l'ensemble, j'aime.
Ceci dit, je dois avouer que c'est surtout le scénario que j'admire dans cet album. Bourré d'intelligence, il surprend le lecteur à chaque page, chaque dialogue. Pourtant, le récit prend le choix difficile de raconter toute l'histoire dès le début par la prédiction irréfutable d'une devineresse. Mais c'est pour mieux contourner les prévisions, étonner le lecteur, permettre une narration que je considère comme parfaite de concision et de densité.
Il se base essentiellement sur 5 personnages excellents, très différents et forcément complémentaires. Leurs dialogues regorgent de perspicacité mais aussi de beaucoup d'humour, un humour frais et moderne.
L'intrigue s'attache en outre à réfléchir sur l'art du conteur, que l'on peut bien sûr rapprocher de celui de tout écrivain, cinéaste ou auteur de BD de nos jours. Comment chaque conteur s'adapte-t-il à son public, comment peut-il espérer faire changer l'esprit de ses auditeurs, le peut-il seulement, quelle est la force ou les pouvoirs d'un conte, comment peuvent-ils se présenter pour toujours évoluer ou se répéter inlassablement avec la même force,... Tant de reflexions qui passent avec douceur dans un récit captivant qui peut s'apprécier aussi bien sur l'aspect de l'aventure, de l'humour ou de la simple relation entre les personnages que sur le plan du débat d'idées.
64 pages d'un récit dense, admirable à tous points de vue, doux et léger, dur et lucide, drôle et intelligent, aventureux et bavard. Une mine d'intelligence et d'imagination.
Chapeau messieurs Vehlmann et Duchazeau ! |
Coacho
| La grande tradition du conte semble être le cheval de bataille de Vehlmann.
Après un très réussi Dieu qui pue, Dieu qui pète avec le même ami dessinateur qui mettait en scène des contes africains, voilà les auteurs partis sur les chemins de l’Orient pour cet album enlevé.
Sur un ton très contemporain comme l’ont démocratisé Trondheim et Sfar avec leur série Donjon, Vehlmann se lâche et s’en donne à cœur joie.
Une histoire de conte ultime à trouver pour un concours sert de trame à l’album. Entre prophétie et réalité, les aventures des personnages principaux du livre vont nous offrir des situations liées avec extrême fluidité.
Ca commence par une très belle page en noir et blanc qui met dans l’ambiance et ensuite, c’est Pulp Fiction ! Tout se recoupe, s’enchevêtre avec maestria.
C’est très rythmé, drôle, émouvant, et parfois même érotique, mais cela reste avant tout une très belle aventure comme on aimerait en lire plus souvent.
A noter une paire de fautes d’orthographe qui dénotent un peu mais que cela ne vous empêche pas de vous procurer cet excellent album. |
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