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  glotz
| Thomas Ott et Matti Hagelberg sont les deux génies de la carte à gratter actuelle. Mais là où le finlandais l'utilise dans un style assez peut réaliste, tout en figures géométriques et en exagérations graphiques, l'autrichien se place dans la tradition d'une gravure bien plus réaliste, et tout aussi intéressante.
L'argument de Cinema Panopticum est simple : une petite fille se rend dans une fête foraine, avec cinq pièces en poches. Mais toutes les activités coûtent plus cher que cela, sans une, qu'elle découvre avec joie, le « Cinema Panopticum, » châpiteau au sein duquel sont alignées en demi-cercle cinq bornes similaires à des bornes d'arcades ayant chacune un titre, et nécessitant chacune une pièce pour son fonctionnement. La fillette insère une de ses pièces dans la première des machines à se présenter à elle, celle-ci s'allume, et une histoire défile. « The Hotel », «The Champion », « The Experiment » et « The Prophet » se succèdent alors, micro-drames offerts au voyeurisme de l'enfant (panoptique veut dire « qui permet de voir sans être vu »), ponctués de petits intermèdes où la petit fille insère une pièce dans la machine suivante, avant que la dernière, « The Girl, » qui ne nous est pas présentée, nous laissant imaginer tout et n'importe quoi, la fasse fuir dans un hurlement (du moins le présumons nous, vu que ces planches sont muettes).
Au-delà des dessins hyper-théâtralisés (ce qui permet de rendre la lecture des histoires très simple, malgré l'absence de textes) et remarquables de maîtrise, Cinema Panopticum intéresse par les quatre histoires glissées au cours du récit. Elles mettent en scène la folie, la peur, la paranoïa ordinaire, et si chacune débute dans le monde « normal, » elles glissent toutes vers le fantastique, faisant intervenir des cafards géants, la mort, un ophtalmologiste aux talents étrange ou des extra-terrestres détruisant le monde aux prises avec des personnages ordinaires (en fait des personnages que la fillette a croisés en circulant dans la foire avant de rentrer dans l'attraction panoptique), au grand plaisir du lecteur, qui, devenu la petite fille voyeuriste, ne peut s'empêcher de retenir un frisson en imaginant ce qui arrive dans la dernière histoire...
Réhabilitation magique de l'ambiance du cinéma à deux sous et des livres d'horreur bon marchés, le Cinema de Thomas Ott est une des meilleures publications de 2005, ne faisant que confirmer ce que l'on savait déjà des talents de l'auteur. |
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