|
| |
|
|
|
|
| Avec son mari, ses enfants, son frère et un ami, Jeanne vient remettre en état la maison de sa mère pour en préparer la vente. La vieille dame, qui perd la mémoire, est hospitalisée. Mais les médecins ont accepté qu'elle revienne passer quelques jours en famille dans la maison. De l'autre côté de la rue, un maçon forme un apprenti sur un chantier. L'ambiance est rude. Fascinés par les rapports entre les deux hommes, les enfants vont, par accident, exacerber cette tension. C'est le moment que choisit la vieille dame pour disparaître. Elle demeure introuvable. C'est la panique. Mais heureusement, Toussaint est là. Toussaint est un ami, un pauvre type malchanceux que toute la famille aide depuis des années à ne pas sombrer dans la misère. Toussaint est quelqu'un d'étrange : rendre service le bouleverse, comme s'il cachait un secret dont ses amis ne sauront jamais rien. |
  herbv
| J’aime bien ce que fait Davodeau depuis que je l’ai découvert dans Bang! puis avec la lecture de l’excellent Rural ! Les échos favorables vus sur différents sites de BD l’avait donc placé en bonne position sur ma longue (très longue) liste d’achat. Et voici encore une acquisition que je n’ai pas regretté un seul instant. Il s’agit d’une comédie douce amer sur une tranche de vie au quotidien d’une famille et de certaines de ses connaissances. En 76 superbes planches (très belle mise en couleur au passage) l’auteur nous propose une série de portraits sur la base d’une mise en page basée sur un classique gaufrier franco-belge très bien exploité et nous montrant une nouvelle fois que l’on peut avoir une excellente narration sans aller lorgner du côté des mangas. A l’occasion de la remise en état de la maison maternelle dans le but de la vendre, certains vont être confrontés à la vieillesse et à la déchéance mentale d’une proche, au souvenir récurrant d’un accident automobile dont on ne sort pas vivant, normalement, à la disparition (définitive ?) de l’être aimé, aux remords d’un secret trop longtemps gardé qui ont si longtemps gâché une vie, et à milles petites choses ... Comme vous pourrez le voir, la vie peut être riche en évènements marquants avec lesquels on doit (et on peut) vivre. C’est donc une oeuvre très touchante qui interpellera tous ceux arrivés à l’âge adulte, ce qui n’interdira pas aux ados de pouvoir se projeter un peu dans le futur grâce à sa lecture. |
lldm
| Ce livre (je pourrais écrire et étendre à « ce genre de livres ») et l'étrange attachement qu'on semble lui porter éclairent plutôt bien les paradoxes qui hantent l'édition de bande dessinée et la critique : c'est cadré comme une comédie dramatique télévisée du dimanche après-midi, c'est monté comme une comédie dramatique télévisée du dimanche après-midi, c'est écrit comme une comédie dramatique télévisée du dimanche après-midi, c'est passionnant comme une comédie dramatique télévisée du dimanche après-midi. Et aussi bizarre que ça puisse sembler, c'est également coloré comme une comédie dramatique télévisée du dimanche après-midi. Si le dessin était virtuose, étrange, flamboyant ou au minimum incongru, ça pourrait être ce qu'on appelle paresseusement un « livre de dessinateur ». Mais le dessin de Davodeau n'est ni laid ni beau, ni vif ni mort, ni honteux ni glorieux, ni élégant ni disgracieux. Il fait ce qu'il a à faire en s'excusant d'être là.
Autrement dit, si ce livre avait été ce à quoi tous les signes qu'il emprunte le disposent — une comédie dramatique télévisée du dimanche après-midi — personne n'en aurait remarqué l'existence au-delà de la séance de repassage ou du demi-coma d'après le digestif. Mais incarnée dans un récit en bande, cette histoire translucide comme toutes celles de Davodeau qui me sont arrivées entre les mains, est élevée au rang d'œuvre de caractère, à tonalité forte, au sujet exigeant.
Nous en arrivons au paradoxe évoqué plus haut : ce que nous méprisons ailleurs (la comédie dramatique télévisée du dimanche après-midi devant les exigences attendues du cinéma), nous sommes capables de le louer dans une bande dessinée. Pourquoi ? Parce que nous en méprisons le cadre A PRIORI. On dira d'elle « c'est bien, pour une bande dessinée », avec le même ton repoussant qu'on entend dans « il est intelligent pour un ouvrier » (cultivé pour un noir, poli pour un jeune de banlieue, honnête pour un juif, doué pour un trisomique, élégant pour un paysan etc.)
C'est quand une bande dessinée est la moins exigeante et la plus timide possible dans l'usage de ses propriétés exclusives qu'elle rencontre un succès d'estime et un succès critique parce qu'il faut qu'elle sorte d'elle-même pour qu'on commence à l'aimer, qu'elle se fasse la plus discrète possible sur sa honteuse nature. En gros : moins il y a de bande dessinée dans la bande dessinée, plus on la plébiscite comme merveille de la bande dessinée. Pour l'aimer, nous devons donc imaginer qu'il faut la détester. |
Cellophane
| Bon, pour commencer, j’ai eu un petit peu de mal avec les dessins. Comme une impression de voir flou, un dessin réaliste mais « approximatif », ni caricature, ni BD belge… Ma gêne se situe principalement dans les visages, d’ailleurs (le fils, page 12, semble avoir un gros nez rond dans une case, un petit nez pointu dans la suivante…)
Après, si les couleurs sont plutôt bien réussies, elles ont cette teinte « fin d’été », jour de printemps qui s’allonge - un truc qui ne m’emballe pas personnellement, comme une journée qui n’en finit pas…
Du reste, les scènes du début (voire du milieu) sont un peu pareilles : une page pour raconter un accident de voiture, une autre page pour raconter le même événement, presque deux pages pour le revoir en le couplant à un accident de vélo… Les soirées à discuter, les journées à débroussailler, c’est très anecdotique…
Alors on pourra me rétorquer : « c’est ça qui en fait une BD de la vie de tous les jours ». Mais non. Déjà parce que la vie de tous les jours, j’y suis aussi. Et cette BD ne m’en donne pas une vision qui m’interroge ou m’en fait découvrir une facette. Ce sont juste des gens qui rangent.
Ensuite, parce qu’il y a deux sujets de fond : la mère qui perd la mémoire et le terrassier qui a perdu sa femme. Si le second thème est assez bien traité et passe pour une petite histoire parallèle sympathique, le premier ne l’est pas du tout, traité. La mère est là, on vit. Point. Pas de vrais questionnements, pas de points de vue, pas de réelle angoisse… C'eut été un dromadaire que c'eut été pareil…
Alors oui, à la fin, vers la 58e page, ça se réveille : on a des révélations, des choses qui se recoupent et rendent plutôt intéressant ce qu’on a vu. Mais c’est dommage de devoir attendre plus de la moitié de l’ouvrage pour ça…
|
|
|
|
|
|
| |
| |