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  Matrok
| Probablement parce qu'il est d'un ton différent, nettement plus triste, ce quatrième tome du Chat du Rabbin a moins bonne réputation que les autres. Voyez sa bullenote... C'est très injuste, et je vais tenter ici de réparer ça.
C'est un album entièrement centré sur un personnage jusqu'ici secondaire, même s'il donnait déjà son nom au tome 2 : le Malka des Lions. Un personnage qui pourrait être issu d'un récit d'Hugo Pratt : Sfar n'est jamais aussi près de son modèle revendiqué. Mais en réalité, le Malka sort tout droit des récits de la grand-mère de Joann Sfar, comme il l'a reconnu dans certaines interviews. Ce vieillard qui se trimbale de village en village avec un lion trop vieux qui n'effraie plus personne est un vrai conteur, un faux prêtre, un affabulateur, une grande âme enfin, même s'il répand en fait bien peu de bonheur autour de lui. Un personnage touchant par son côté fêlé, à côté de ses pompes, alors qu'il a l'allure d'un héros, et qu'il agit parfois comme le ferait un personnage de légende.
D'ailleurs, c'est un personnage de légende. Il est son propre personnage ; son identité, si on la cherche, elle est dans son récit. Ceci nous mène à ce paradoxe étonnant : il peut très bien nous raconter sa mort (héroïque bien sûr). Le personnage du Malka est mort comme ça, seul lui pouvait la raconter.
Comme je l'ai écrit en introduction, cet album est beaucoup plus triste que les précédents. Ainsi l'un des personnages animaux est un serpent fanatique, persuadé que la mort qu'il donne est un cadeau qui seul permet d'échapper à la déchéance de la vieillesse.
Hanté par la mort et par l'inquiétude du néant, superbement dessiné, c'est un album envoûtant, l'un des plus beaux de Sfar. |
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