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| La chambre de l'oubli met fin ici à un long voyage, une longue quête, celle d'un homme à la recherche de lui-même. Qui sommes-nous si nous n'avons pas d'histoire ? Si notre corps n'est qu'une des enveloppes visibles des multiples autres corps immensément plus vastes qu'on ne peut imaginer ?
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  thierry
| En 2002, Lino a entamé une trilogie sur le thème du corps, de l'âme et de l'esprit. Après La saveur du vide et L'ombre du doute, il la conclut avec cette "Chambre de l'oubli". N'ayant pas lu "La saveur du vide", je ne dispose malheureusement pas d'une vue d'ensemble sur ce voyage auquel nous convie Lino.
Car il s'agit bien d'un voyage.
Voyage intérieur.
Voyage immobile.
Voyage sans fin.
Voyage dont le point de départ et la destination se confonde intimement.
Les livres de Lino semblent prendre un malin plaisir à echapper au lecteur. Loin du champ d'application habituel de la bande dessinée, il en utilise pourtant indubitablement les codes. Chaque double page ressemble plus a des tableaux qu'à des planches classiques. Pourtant, la sequencialité chère à Scott McLoud est bien présente. Les mots font partie intégrante de l'image, sans pour autant s'y noyer.
le lecteur peut essayer de s'y plonger en suivant le fil narratif le plus immédiat, suivant pas à pas les errances du narrateur, autant à la recherche des autres que de lui-même. Mais il peut également se laisser entraîner des ses questionnements, et se les approprier.
Dans ce livre, il est question de la relation à soi-même, indissociable de la relation aux autres. Le narrateur souffre de l'absence, même s'il ne peut définir de quelle absence il souffre.
De lui-même ?
Des autres ?
Des autres lui-mêmes ?
Cette idée de voyage se conjugue à celle des passages. Lino utilise les oiseaux, comme messagers entre les mondes, ainsi que l'image du pont, symbolisant l'entre-deux ou se trouve le narrateur. En effet, le narrateur se trouve perdu dans un entre-deux, pouvant basculer d'un côté comme de l'autre. mais il cherche avant tout à atteindre cette mystérieuse chambre de l'oubli: cette pièce blanche chimérique où il est possible d'oublier, non pas pour fuir, mais pour avancer.
Etonnamment, si le ton général de cette trilogie est très sombre, il s'en dégage pourtant une terrible envie de vivre. Sans doute parce que Lino s'y intéresse à un état transitoire qui, quand on le dépasse, mène à une reconciliation avec soi.
"La chambre de l'oubli" n'est pas une bande dessinée classique. Elle peut séduire ou agacer. Elle surtout agacer, paraître prétentieuse, pleine de vent et de pathos artistique. Mais elle peut aussi entrer en résonance avec le lecteur, qui se surprend à attacher ses pas à ceux du narrateur et le rejoindre dans sa quête intime. D'autant que Lino ne nous impose pas de réponses toutes faites. Il ignore d'ailleurs lui-même si cette mystérieuse pièce blanche existe et ce qui s'y trouve. Au lecteur de trouver sa propre réponse. |
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