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| Bottomless Belly Button (nombril sans fond) |
Après quelques 40 années de vie commune, Maggie et David Loony choquent leurs trois enfants en leur annonçant qu’ils se préparent à divorcer. Leur explication est des plus simples : « nous ne nous aimons plus ». Cette annonce lance une réunion de famille de 6 jours dans la maison proche de la mer (et peut-être hantée) de Maggie et David.
Le fils aîné, Dennis qui n’accepte pas la décision de ses parents est également confronté à ses propres problèmes de couple. Claire, la cadette, élève seule sa fille de 16 ans et semble ne pas réagir au divorce. Enfin, Peter, le benjamin de la famille, un aspirant réalisateur paralysé par ses angoisses, se lance dans une aventure romantique avec une mystérieuse monitrice de colonie de vacance.
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  Coacho
| Comment vous exprimer un retour de lecture qui puisse vous faire part de ma curiosité, mais aussi de ma frustration ? En effet, cet album ne passe pas inaperçu. Environ 700 pages, ça fait comme un pavé pas forcément des plus discrets !
J’ai longtemps hésité, et sa nomination à Angoulême a fait pencher la balance en sa faveur.
Le livre raconte l’histoire de la famille Loony, qui se réunit lors d’un week-end durant lequel leurs parents, après 40 ans de mariage, vont annoncer qu’ils divorcent, sans heurt particulier, sans passion excessive, sans forte raison non plus.
Cet état de fait va plonger la famille dans des sentiments divers et chaque enfant fera l’objet d’une histoire séparée pour nous aider à mieux cerner les contours de cette fratrie.
L’aîné, marié mais en proie à des difficultés, va ressentir beaucoup de colère et de frustration.
La fille, elle, élève seule sa propre fille qui, à l’aube de son adolescence, commence à éprouver des difficultés sociales, sûrement liées au manque de présence paternelle.
Enfin, Peter, le narrateur, est plus indifférent à tout ça, concentré sur ses propres frustrations, et la perception négative qu’il a de lui. Il est d’ailleurs représenté avec une tête de grenouille, batracien peu avenant s’il en est, mais aussi comme un clin d’œil au fait qu’il ne demande qu’à se métamorphoser si une princesse voulait bien l’embrasser…
Après ? La narration…
Evoquant les méandres de leur propre jeunesse, et ce qui les a finalement constitués, la maison sera une sorte de grand terrain labyrinthique qui servira de champ initiatique, de perdition intellectuelle, de havre de rédemption. Les cases sont alternées du plus gros au plus petit des effets.
2 cases par page, des gros plans, qui succèdent à des petites séries de petites cases.
Ca peut faire penser à Jimmy Corrigan sur certains aspects mais nous sommes loin du compte, du moins, par rapport à ma grille personnelle de lecture. On insiste sur les onomatopées, les crises et on fini par, en fausse apparence, pénétrer l’intimité de cette famille.
Et c’est là que j’évoque ma frustration.
Là où Dave Cooper sait prendre aux tripes avec Ripple, là où Craig Thompson sait envoûter avec Blankets, là où Posy Simmonds sait charmer avec Gemma Bovery, et là où Chris Ware donne un coup de poing avec Jimmy Corrigan, Dash Shaw fait partie de cette kyrielle d’auteurs outre atlantique qui finissent par devenir un peu gnangnan avec leurs récits pseudo autobiographiques bien trop policés et pudiques.
Je ne demande pas non plus d’’exagération mais je me retrouve devant cet album comme devant une kyrielle d’autres parmi lesquels je pourrais citer Pedro et Moi, The Quitter, De mal en pis, Peine Perdue, et j’en passe, des albums où finalement, il ne se passe ni ne se dit grand-chose.
Les silences, je les accepte, je les apprécie même, quand ils sont narrés avec talent !
On peut rester pudique mais raconter quelque chose de fort, et/ou drôle comme Trondheim dans Approximativement, ou dans un autre genre Zep et son Découpé en Tranches…
Là, on frôle l’indigestion et l’ennui.
C’est d’autant plus regrettable qu’on sent un potentiel, si ce n’est graphique, car les planches sont moins abouties que celles de ses illustres compatriotes cités plus haut, mais tout du moins dans le rythme et le découpage de son histoire.
Alors oui, ce titre sied parfaitement à ce livre. C’est nombriliste, dans le sens maternel du terme, puisqu’on remonte aux sources de cette famille qui implose sous nos yeux, et c’est nombriliste sans fin car on reste finalement en surface d’une histoire somme toute banale et qui n’a que peu d’écho, du moi rien ne résonne en moi d’une quelconque fibre empathique. Se regarder le nombril, quelque part, c’est réussi…
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rohagus
| J'étais un peu perplexe avant d'entamer ce gros album. Le pitch ne m'attirait pas plus que le graphisme des planches que j'avais feuilletées. Je m'imaginais un roman graphique bien morne, bien underground, un ramassis de névrosés apathiques qui se regardent le nombril comme un mauvais film d'art et d'essai branchouille.
Et même après l'agréable découverte d'une narration bien originale sur les premières pages, je n'accrochais toujours pas trop.
Le dessin est assez faible techniquement, avec des personnages très moyens et l'utilisation de mots incrustés dans l'image pour combler certaines incapacités techniques de l'auteur comme représenter un mouvement compliqué ou autres.
Les personnages ne m'apparaissaient vraiment pas attachants au départ. On aurait dit qu'ils avaient tous un problème, tous un grain, à la manière du film « La Famille Tannenbaum » mais avec l'humour en moins. Qui plus est, l'incommunicabilité entre la plupart d'entre eux était flagrante et un peu trop déjà vue à mon goût dans ce genre de récit familial.
Et pourtant, au fil de très nombreuses pages, tout doucement, j'ai fini par être séduit, je me suis mis à comprendre chacun des protagonistes, à m'attacher à eux. La narration est très agréable, avec quelques originalités bien trouvées. Malgré une apparence de récit de quotidien où il ne se passe pas grand-chose, il arrive tout au long de cet album différents évènements assez marquants qui vont modifier le parcours de chacun, leur faire comprendre des choses, et peut-être trouver le bonheur. Et puis il y a certains sentiments assez complexes et intéressants qui sont mis en scène de manière en fait assez fine.
Bref, malgré un a priori assez méfiant et une entame en demi-teinte, j'ai refermé le livre sur une agréable sensation et je suis assez heureux de ma lecture.
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