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| Deux récits fantastiques mettent en scène des joueurs de Blues dans l'Amérique profonde. |
  rohagus
| Formidable !
Gros, très gros coup de coeur pour cette BD que j'ai trouvée superbe graphiquement d'une part, et pleine d'une énorme poésie et de beaucoup d'émotion d'autre part.
Jamais je n'avais été aussi touché par une BD dédiée à une musique mais aussi à une atmosphère, une ambiance, celle du bayou, celle de l'amérique profonde, telle qu'on l'imagine emplie de vieille magie vaudou et de puissants sortilèges émotionnels.
Seul regret, les récits sont un peu courts et les planches, quoiqu'épatantes, ne comportent souvent que peu de cases, voire une unique image.
Mais alors le dessin de Toppi...!!
Entièrement réalisé à l'encre de chine, avec quelques traits de cayonné encore visibles par en-dessous, il offre des fresques et une mise en page impressionnantes de beauté et de force évocatrice. J'avais déjà admiré son talent dans des oeuvres telles que Sharaz-De ou Le Collectionneur mais je pense préférer encore davantage la technique finalement plus simple et plus crue qu'il utilise ici.
C'est beau !
Et les récits eux aussi sont beaux. J'ai été totalement envouté par l'ambiance de ces derniers. Vaudou et bayou pour le premier. Baraque abandonnée de noirs et vieille casse perdue au fond de l'amérique profonde pour l'autre. Fantômes et démons. Et par dessus tout cela, le blues non pas seulement comme une musique mais comme une ambiance, une force émotionnelle, un sortilège qui touche les âmes et appelle à la magie.
Si vous appréciez le style graphique de Toppi, si vous appréciez les récits à l'ambiance magique et un peu onirique, cette BD est un immanquable du genre ! |
Mael
| Sergio Toppi, grand nom de la BD italienne, est connu pour son dessin anguleux, ses noirs et blancs implacables et ses compositions étonnantes – mêlant des pleines pages d'illustrations à des cases éclatées. C'est le discret éditeur Mosquito qui publie son œuvre en français depuis bientôt deux décennies. Réunissant les récits par thèmes – western, fantastique, etc. – il présente dans Blues deux récits tournant autours de la musique afro-américaine des années 1930.
Dans « L'Héritier » (publié dans Corto en 1990), Toppi nous fait suivre le Baron Samedi, démon mythique du vaudou, navigant dans le Bayou à la recherche des notes de blues qui l'ont fait sortir des enfers. Un blues sale, des bas-fonds, pathétique, qui le rend pourtant fou. Dans « Blues » (récit inédit réalisé pour l'album) l'auteur insiste encore plus sur le côté quasi-mystique de cette musique, à travers Honeylips, saxophoniste noir de génie qui dialogue avec les objets et animaux et convoque son amour perdu quand il joue « le morceau qu'il ne devrait pas jouer ».
Assumant le fantastique inhérent à cette musique « tripale1 » et souvent religieuse, il la nimbe de vapeurs d'alcools et son dessin découpe à la serpe visages et décors expressionnistes. Comme Muñoz ayant su saisir l'âme du tango, Toppi vise au cœur du Blues, en en convoquant les origines. Et s'il n'est nulle part vision de champ de cotons, la misère ségrégationniste, la pauvreté et la fatigue font bien résonner dans nos têtes la musique du Diable.
1) qui prend au tripes |
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