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- | P9. Alter ego, [Récit complet] | - | P35. Blonde platine, [Récit complet] | - | P69. Escapade hawaïenne, [Récit complet] | - | P101. Alerte à la bombe, [Récit complet] | Dans Alter Ego, un jeune écrivain en mal d'inspiration retrouve une ancienne camarade de lycée et s'embarque dans un flirt sans lendemain. Dans Blonde Platine, un garçon complexé s'emmêle les pinceaux dans une improbable opération de séduction. Dans Escapade Hawaienne, une jeune femme solitaire et rêveuse invente de malveillants canulars téléphoniques dans l'unique espoir de rencontrer quelqu'un. Dans Alerte à la Bombe, un étudiant soupçonné d'homosexualité s'initie au sexe grâce à une jeune fille facile. |
  thierry
| Moins connu que Clowes, Adrian Tomine n'en est pas moins un auteur particulierement intéressant. Son univers nourrit de nombreuses similitudes avec celui de Clowes, plus precisement avec les Clowes de "Caricature" ou "Ghost World". Au centre de cet univers, on retrouve la désespeérante monotonie d'une vie sans relief. Au fil de ces 4 récits, il nous convie a des tranches de vie pour le moins... pathétiques. Le ton est résolument dépressif, les personnages au mieux socialement inadaptés, au pire d'une lacheté sans nom.
Il y a d'abord ce jeune écrivain raté qui met en péril son couple pour une relation aussi incongrue qu'ambigüe avec la soeur cadette d'une fille qu'il aimait en secret au lycée. Il y a ensuite cette blonde platine qui se perd entre 3 hommes. Puis il y a cette fille qui se retrouve subitement seule et sans travail et ne trouve rien de mieux pour passer le temps que de faire de tristes canulars téléphoniques. Et enfin ce couple improbable composée d'une fille facile et d'un pré-adolescent qui se cherche.
Tomine n'a aucune pitié pour ses personnages. Mis a part dans la dernière histoire, on peut affirmer que ses personnages voient leur situation empirer au fur et a mesure que l'histoire avance. Que ce soit par lacheté ou par égoïsme, aucun n'a su assumer ses choix, avec les conséquences que ça implique. Il devient difficile de leur trouver des excuses... et pourtant, ils paraissent parfois étrangement familiers parce que Tomine a le don de gratter là où ça fait mal. Les choix, ou l'absence de choix, qu'ils font nous renvoient souvent à nos propres dilemmes. Comment condamner des personnages qui nous ressemblent un peu trop? Il en résulte un étrange malaise qui vous lache difficilement. C'est à cela qu'on reconnait le talent d'un auteur: à sa manière de nous toucher. |
june
| Il nous aura donc fallu attendre 10 ans pour que le surdoué Adrian Tomine bénéficie d'une 2ème traduction en France, après une 1ère tentative chez Delcourt en 97.
Issu de la scène indépendante américaine, cet auteur bientôt trentenaire semble avoir aisément digéré ses précieux aînés novateurs et contemporains défricheurs.
Une première lecture rappellera bien évidemment Clowes, mais le monde de Tomine est infiniment plus sensible, plus tendre, plus désespéré aussi. En sélectionnant de courtes tranches de vie de ses personnages (on assiste à des moments, des instantanés, plus qu'à de véritables histoires), il focalise ses récits sur des détails quasi
insignifiants pour en extraire une moelle composée d'ironie, de désespoir, et de mal être. Le ton pathétique, mais si juste, et la sensibilité autofictionnelle de l'auteur, renvoient à nos propres vies, nos propres moments de doutes. Et comme si tout cela ne suffisait pas, le dessin ultra précis de Tomine rend ses personnages encore plus mal à l'aise dans un univers, qui, s'il est graphiquement riche et détaillé, est en fait encore plus vide, plus isolant, éloignant ses personnages (pourtant souvent déjà seuls) les uns des autres.
Le Seuil a choisi 4 histoires courtes qui représentent très dignement son œuvre : un jeune écrivain peine à trouver l'inspiration pour son second roman, et plonge dans une relation décalée et sans espoir ; un jeu de la séduction destructeur qui finit mal ; une jeune célibataire aigrie tente d'oublier son morne quotidien sentimental avec de sordides canulars téléphoniques ; et le sexe qui ajoute à la difficulté d'être adolescent pour un jeune étudiant indécis.
Une jeunesse perdue, qui se cherche, sans concession ni optimisme, par un auteur déjà incontournable. |
pessoa
| Blonde platine , c’est quatre histoires indépendantes, quatre portraits d’américains en proie au désarroi à un croisement de leur vie. Comme dit le héros du premier récit : « Ce genre de chose parle à tout le monde. ».
Que dire, sinon que Blonde platine fait partie de ces BD qui « relèvent le niveau » ? Une telle justesse dans le portrait, c’est quelque chose de rare, quel que soit le média. Le dessin, sans afféterie, est proche de la perfection, dans un genre très posé, qui soutient délicatement le texte (si je puis m’exprimer ainsi).
Adrian Tomine est doté d’un grand sens de l’humanité, c’est pour moi la découverte de 2003.
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Nirvanael
| Blonde Platine, qu'une connaissance m'avait décrit comme un chef-d'oeuvre intergalactique, m'a bien parlé avec les 2 premières nouvelles, un peu moins avec le final de la troisième et carrément fait ***** (autocensure) avec la dernière. L'ensemble m'a laissé une impression de grattage sur du papier, dont la finalité ne me touche pas profondément, même si je suis content de l'avoir lu.
L'ensemble reste Bof, l'auteur veut-il en venir quelque part ? Les dessins comme les histoires et la narration ne me touchent pas.
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yancomix
| 4 histoires, de tailles à peu près égales, composent ce livre.
Un découpage et un dessin froids, et peut-être glacials en apparence, mais Adrian Tomine n’a besoin que de deux ou trois cases, d’un noir et blanc impeccable et de quelques lignes de texte pour créer une atmosphère, faire ressentir une ambiance, nous attacher à ses personnages et au fil de leur vie qui se déroule.
Tomine semble à l’affût du moindre geste, du moindre coup d’œil, de toute manifestation d’un détail porteur de sens, de ces petits riens qui seuls parfois brisent les barrières que chaque personnage a monté entre lui et le monde.
Peut-être serait-il possible de ressentir une joie trouble, mélange d’ironie et de voyeurisme, face à ces histoires mais tout l’art de Tomine tient dans cette magie qui naît dès les premières secondes de lecture: cette identification immédiate avec des personnages qui nous ressemblent finalement un peu trop pour que cela nous fasse vraiment plaisir d’assister à leurs fuites en avant. Et de nous dire que sûrement nous aurions fait pareil, dit la même chose, agit ou fuit de façon identique…
Et leurs inéluctables pas en directions de l’inévitable falaise nous fichent vraiment la trouille et ces quelques frissons le long de la colonne vertébrale sont trop rare en bande dessinée pour faire l’économie de cette lecture.
Une petite préférence pour la dernière histoire de ce recueil et son épatante dernière page.
Indispensable!
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sixpieds
| " Mais qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez moi " semble être le leitmotiv d’Adrian Tomine tout le long des quatre nouvelles qui constituent Blonde platine. Évitant soigneusement de tomber dans l’autobiographie, Tomine raconte quatre courts instants de vies de personnages solitaires, incapables de se fondre dans la masse et rongés par leur frustration ou leur inertie. Dès la première nouvelle, Alter ego, où un jeune écrivain tente de retrouver l’inspiration en favorisant des événements susceptibles de le sortir de son impasse créative, Tomine plombe l’ambiance : provoquer des évènements pour se donner matière à fiction est délicat et tenter de se créer artificiellement un futur susceptible d’étoffer sa propre expérience afin d’en tirer matière à écriture peut s’avérer désastreux. Le jeune écrivain, Martin Courtney, après un premier livre à succès largement autobiographique s’apprête à retomber lourdement dans l’anonymat et, paralysé face à l’écriture de son second ouvrage, a accepté de faire le nègre pour un jeune acteur en vogue. Celui-ci triomphe avec ce livre fantoche et une foule de fans accorde à cet ouvrage une valeur d’importance qui n’a pas lieu d’être aux yeux de Martin. Sa mise à nu dans son propre ouvrage file dans l’oubli tandis que la vie qu’il a fabriquée pour l’acteur semble parler aux gens (au point que son éditeur envisage même un second volume). Écœuré par ce constat, Martin saute sur la première occasion qui lui permettrait de vivre quelque chose d’un peu plus excitant que son quotidien, peut-être pourra-t-il ainsi retrouver l’intérêt du public une fois ses "aventures" fictionalisées ? C’est du moins la bonne excuse qu’il se donne pour tromper sa compagne. Mais rien ne sublimera sa démarche, pas de colère romantique, pas de sentiments à fleur de peau : grondé comme un petit enfant et humilié par son amie, il reprendra son parcours d’humain lambda juste un peu plus seul et amer qu’avant.
Les autres nouvelles, tragiquement neutres et monotones, prennent le même chemin. Au pays des blondes platines surfant dans des Succes story médiatiques, la propagande érige le beau, le talent, la popularité en vertu. Les personnages de Tomine ne trichent pas et leur peu de capacité à communiquer, à emprunter agressivement le sens de la marche en font presque des parias. Ils ne sont pas assez beaux, n’ont pas assez de fantasmes ou de personnalité et cela ne pardonne pas dans un monde d’apparence. Ainsi, au travers de portraits de gens ordinaires -et donc ratés selon l’image véhiculée par la société- l’auteur dépeint l’indifférence et l’incommunicabilité dans une économie de moyens renversante. Loin des effets chocs de Daniel Clowes, dont il se rapproche par les thèmes traités, Adrian Tomine reste le plus monocorde possible et son dessin, d’un réalisme précis, élégant et peu expressif -collant par là-même au sujet- vient renforcer ce climat oppressant où nulle issue n’apparaît. Blonde platine est un témoignage sur le monde actuel, ni pessimiste, ni accusateur, capturant des instants de vies avec une profondeur exemplaire.
JP. |
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