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| Les Sarcophages du 6e continent (1ère partie) |
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  Fufu
| Décidément, Yves Sente et André Juillard forment le meilleur duo pour la reprise de la cultissime série des Blake & Mortimer. Très loin des peu crédibles histoires de JC Van Hamme avec ses faux extra-terrestres ou l'utilisation bien mal inspirée des personnages de la version originale, Y. Sente cherche à développer l'univers des deux héros en l'intégrant dans une période déterminée et parfaitement logique.
Nous sommes ici en pleine guerre froide, à l'époque où les puissances rivalisent dans le domaine technologique et diplomatique. Qui plus est, "les sarcophages du 6e continent" traite d'un sujet assez peu utilisé en Bande Dessinée : la position des pays du tiers-monde pendant l'après-guerre, et plus particulièrement de l'Inde, symbole de la décadence de l'ancien empire britannique et de l'indépendance militaire stratégique.
Bien entendu, pour apprécier cet album il est nécessaire d'avoir un faible pour le style si particulier de Jacobs. La multiplication des dialogues ou des encadrés, le graphisme très années 50, des personnages si gentlemens pour ne pas dire coincés... tout cela fait partie du mythe "Blake et Mortimer". C'est aussi d'ailleurs en cela que l'on peut tirer le chapeau aux auteurs qui réussissent admirablement à respecter ces critères sans pour autant paraître parodiques.
Dans les points faibles, on peut regretter une couverture assez moche et quelques petites facilités comme les clins d'oeil un peu trop appuyés à l'Histoire sous la forme d'apparitions de personnages célèbres dans les pérégrinations de jeunesse de nos héros. Mais là encore on est très loin des gros effets ridicules d'un "L'étrange rendez-vous" dans lequel on fait dire à Mortimer des prédictions parfaitement inutiles.
Ce premier tome des "sarcophages du 6e continent" devrait contenter les inconditionnels de Blake & Mortimer, et pourrait peut-être donner envie de lire la série complète à ceux qui ne la connaîtraient pas. C'est très éloigné des albums modernes de la production actuelle, mais les connaisseurs savent qu'il est toujours agréable de se faire un bon vieux classique au coin du feu... |
asacem
| Ce nouvel opus de la resucée B&M a vraiment été une agréable surprise pour moi. J'aborde toujours ces livres avec un très mauvais a priori, le principe d'une reprise d'une série à succès d'un auteur mort étant pour moi un baton merdeux et commercial en diable. D'ailleurs les opuscules produit par le duo Van Hamme/Benoit m'avaient conforté dans mes convictions: les scénari étaient lamentables, malgré le talent de graphiste de Ted Benoit. Et pourtant ici,ce fut une très agréable surprise. Néanmoins je distinguerai le dessin du scénario, le second étant la vraie richesse de cet album.
Car ce scénario est vraiment fabuleux. La stratégie est simple: accrocher le lecteur avec un flash back pour midinette rondement mené, puis innover, il n'y a pas d'autres mots, avec la seconde partie. La partie "jeunesse" est bien menée je trouve, d'autant plus que Sente nous dit s'inspirer des idées de Jacobs sur la question. Rien ne m'a choqué, c'est assez conventionnel mais bien fait: aucune scène en trop, le strict nécessaire. La seconde partie quant à elle innove dans le genre même de la bd. Par ce compte rendu quasi journalistique de l'exposition universelle de Bruxelles de 1958, Yves Sente fait du document/fiction en Bd, dans un style que je n'avais jamais rencontré. Et il s'en sort bien, en tout cas moi je ne me suis pas ennuyé, l'exposition universelle en question n'étant pas resté dans les annales. On apprend et on se distrait gentiment, la forme du récit est pour moi vraiment originale. Là où Van Hamme fait de la resucée peu inspirée, malgré son indéniable talent de scénariste commercial, Yves Sente invente et ses textes comme ses intrigues touffues sont jubilatoires. Oui c'est un traitement parodique, un pastiche de B&M, et alors? Cela ne me gène en rien, les scénari de Jacobs n'ont jamais brillé à mon sens, c'était un grand graphiste et un fou du détail. Et en matière de détails, Sente respecte Jacobs. Et contrairement à ce que certains affirment, le genre B&M est hyper codé: absolument plus personne ne fait de la bande dessinée comme ça aujourd'hui. Des descriptifs permanents, une narration souvent hachée, on est à la limite de l'itération iconique parfois, seul le texte fait lien. C'est vraiment un carcan , un cahier des charges difficile à gérer, et pourtant, Sente s'en sort très bien. Il triche un peu sur les scènes d'action, et il a bien raison. C'est vraiment trop lourd de décrire ce que le dessin montre déjà. Le genre B&M est à la frontière du récit illustré et de la bande dessinée, mais il date d'une époque où les codes de la bande dessinée était encore méconnus du grand public, du moins pour les premiers tomes. C'était avant le succès planétaire de Tintin et Astérix, souvenez vous.
Je ne m'étalerai pas sur le dessin de Juillard, mais il a vraiment des faiblesses. Si faire du B&M le fait chier, il n'a qu'à passer la main à un dessinateur plus motivé et puis voilà. La tête de Blake en prend un sacré coup sur certains dessins, et des cases sont vraiment baclées. Un seul exemple frappant: à la planche 15, case 6, Mortimer à cheval saute au dessus d'un rocher. Les proportions du cheval ont gêné Juillard, alors il a foutu un arbre en premier plan pour masquer son ratage. Juillard étant un excellent dessinateur, ce n'est que la manifestation qu'il "torche" les planches, étant donné le travail énorme qu'elles représentent.
Pour conclure, je recommande chaudement la lecture de cet album, et j'en attend déjà la suite. Yves Sente, tu m'as convaincu, et ce n'était pas gagné d'avance, loin de là.
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