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  nabla
| Ted Benoit met 5 ans à dessiner un album, et, vu la qualité de son trait, personne ne lui en tiendra rigueur. Pas même Dargaud, qui a trouvé un nouveau moyen pour voir rentrer les recettes des nouveaux "Blake et Mortimer" plus souvent: engager un deuxième duo d'auteur sur la même série. La pratique est plus que discutable, et ne fait que confirmer ce qu'on pensait de cette reprise des héros de la "Marque Jaune": ça pue le commercial.
Les deux gagnants du jackpot sont André Juillard, dessinateur au trait réaliste, des "7 vies de l'Epervier" notamment, et Yves Sente, directeur éditorial converti en scénariste pour l'occasion. A première vue, le coté éstéthique ne s'annonce pas trop mal (Juillard est un dessinateur bon et réputé), celui scénaristique laisse plus perplexe: que vient faire un directeur éditorial dans l'écriture d'un "Blake et Mortimer" ?
Etonnament, plutôt que de dessiner l'album avec son trait réaliste habituel (ce qui aurait été acceptable, les derniers "Blake et Mortimer" tendant fortement vers le style réaliste), Juillard a opté pour la ligne claire, domaine dans lequel il est néophite.
Le dessin est bien construit, les décors fouillés, les mouvements bien ressentis, mais il manque un petit quelque chose. Serait-ce cette vie qu'on trouvait dans le trait de Jacobs et de Benoit ? Ici le trait est tristement uniforme, et on a presque l'impression qu'il a été fait à la latte et au compas uniquement ! Le deuxième hic concerne les personnages jacobsiens, en particulier les deux héros, qui, s'ils sont reconnaissables, témoignent d'un inconfort du dessinateur dans la représentation de personnages qui ne sont pas les siens.
Voilà pour le dessin. Voyons ce que vaut maintenant ce Yves Sente pour le scénario. Tout de suite, il imprime sa marque: le récit est fortement encré dans l'histoire réelle, ici celles de la guerre froide et de la conquête de l'espace. Les textes sont longs, ce qui peut paraitre rebutant, mais lorsqu'on plonge dans le récit, impossible de s'en arracher ! L'histoire est passionante, bien réalisée, et très jacobsienne. De plus elle est longue (elle était à la base prévue pour deux albums), ce qui nous offre un bon, grand et long moment de lecture.
Un excellente suprise donc coté scénario, contre un moins bonne coté dessin. Mais comme ce n'est pas la cata de ce coté non plus, l'album vaut vraiment le coup... |
Fufu
| Faire une reprise de Blake et Mortimer n'est pas une mince affaire. Yves Sente et André Juillard réussissent ce challenge dans cette histoire mélant l'espionnage et la science digne d'un bon thriller de la Guerre Froide. Bien entendu, on est loin des grandes épopées de Jacobs avec une grande part de science fiction, mais "la machination Voronov" peut faire bonne figure à côté d'un "SOS Météores" (même si ce dernier est un pur chef d'oeuvre avec son exceptionnel suspens quand Mortimer tente de retrouver la propriété où il s'était perdu).
Cet album-ci est très lisible, même si on peut regretter le manque de suspens puisque les causes même de l'intrigue sont facilement identifiables dès la première moitié de l'histoire. Un bon moment de lecture pour les amateurs du genre.
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