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| À la fin du 19e siècle aux États‐Unis, des spectacles itinérants appelés
« Minstrel's Shows» ou « Medicine Shows » se produisaient dans le pays,
au cours desquels des blancs se grimaient pour parodier les noirs.
Notre héros, un jeune vagabond noir à la jambe de bois, est embauché
comme danseur et curiosité de spectacle dans un de ces « Medecine Shows »,
après une démonstration de rue.
Il est tout de suite accepté par la troupe, et notamment par un étrange
chef indien, dont le rôle est de vanter les mérites d’un élixir soi-disant miracle…
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  rohagus
| Alors que j'apprécie beaucoup Frantz Duchazeau (Les Cinq Conteurs de Bagdad, Les Vaincus...), ce n'est qu'en ouvrant l'album que j'ai réalisé qu'il en était l'auteur. La couverture et le titre ne m'avaient pas permis de faire le rapprochement avec le style que je lui connaissais jusque-là.
Pourtant on reconnaît bien son trait noir et blanc que j'aime beaucoup, ses personnages pleins de vie et ses décors évocateurs et soignés (quoiqu'il y en ait peu dans cet album). Mais son style m'a paru ici légèrement différent. Plus épuré, je l'ai trouvé plus proche de celui de Christophe Blain et ce n'est pas exactement fait pour me charmer même si j'aime beaucoup certaines œuvres de cet autre grand auteur. Je n'ai pas retrouvé l'ambiance graphique dépaysante et les décors grandioses auxquels Duchazeau a su m'habituer. Quant à la narration graphique, même si elle reste très bonne, je n'ai que moyennement apprécié les passages plus ou moins muets où les personnages dialoguent à l'aide de symboles et dessins dans les bulles plutôt que par textes comme ils le font dans d'autres pages de l'album. D'une certaine manière, cela permet de faire passer la compréhension et les idées par des images les résumant plus simplement, mais c'est un procédé qui n'est pas ma tasse de thé et qui me donnait l'impression de lire une BD semi-muette.
L'histoire, pour sa part, est originale. Son cadre et ses personnages pouvaient grandement m'intéresser et j'ai d'ailleurs été charmé par le début de ma lecture. Cependant, assez rapidement, l'intrigue devient un peu trop sinueuse à mon goût. On dirait que l'auteur s'amuse à brouiller les cartes et à faire partir son scénario dans une direction, avant d'en changer à plusieurs reprises. Tant et si bien que je n'ai pas su m'attacher pour de bon à l'histoire et que je me demandais un peu où il voulait en venir, d'autant que les passages avec les frères Coon par exemple ne me plaisaient pas. La fin non plus n'a pas réussi à me satisfaire car j'ai eu le sentiment que l'histoire s'achevait en trois courtes pages muettes par une morale un peu en queue de poisson qui n'a pas su me toucher. J'avais un peu de mal à comprendre les sentiments du héros, me disant qu'il avait toutes les cartes en main pour faire davantage de sa vie et être plus heureux.
Mes reproches châtient un auteur que j'aime beaucoup car j'espérais davantage d'une de ses œuvres surtout avec un sujet aussi original. Mais cette bande dessinée reste un bel ouvrage, très joliment dessiné et plutôt agréable à lire. Je m'attendais juste à un peu mieux.
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Mael
| Après les intrigants Rêve de Meteor Slim et Jumeaux de Conoco Station (Sarbacane, 2008 et 2009) et le superbe Lomax (Dargaud, 2011), Frantz Duchazeau continue son exploration de l’Amérique du blues. Une Amérique fantasque, où tout est possible, mais aussi l’Amérique d’une dure ségrégation où la force du chant des Noirs ne permet pas d’oublier qu’ils sont avant tout exclus par la société.
Blackface banjo suit pleinement cette lignée, avec son héros noir et unijambiste mais résolument optimiste. Embauché presque malgré lui dans un étrange minstrel show pour ses capacités de danseur sur béquilles, il s’y révèle un brillant joueur de banjo, capable de transcender les classes sociales et les cœurs… Pourtant, son avenir dans le show n’est pas assuré, son spectacle ne fait pas recette et ne tient pas face aux vedettes : deux blancs peinturlurés au cirage et singeant des Noirs fainéants et stupides. Forme théâtrale extrêmement populaire, le blackface véhiculait les clichés raciaux sous couvert d’un humour de façade.
Notre musicien est prêt à avaler des couleuvres, mais se retrouve encore embarqué dans d’autres compagnonnages, une bande d’Irlandais peu causants qui semblent avoir des liens avec le Coon Coon Clan, un gang de vengeurs Noirs incendiant les scènes jouant du blackface… Après la musique et l’amour, notre héros découvre la lutte raciale – sans s’en passionner pour autant. Car il a un but, un rêve, celui de jouer et de danser sur une grande scène, acclamé et aimé par tous, et de retrouver sa petite chanteuse…
L’histoire avance à un rythme effréné, sautillant de péripéties en péripéties, portée par un dessin qui épouse la musique et le geste. Quasi muette, la BD est avant tout mouvement, mettant en valeur le dessin de Duchazeau. Si le côté charbonneux qu’on lui connaît, parfaitement adapté au blues, est toujours là, le trait est plus épuré, plus libre, et finalement plus vivant. N’hésitant pas à parler de situations terribles, il préfère l’action au misérabilisme – écueil évident avec un tel héros – et entraîne le lecteur dans une danse débridée et réjouissante. Arrivé à la dernière page, on a peut-être une petite impression de trop peu, menteuse sensation car, comme tout bon morceau, il faut le réécouter encore et encore pour en apprécier tout le sel.
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