|
| |
|
|
|
|
| Il possède un paravent de l'époque Ming, un Andy Wharol, des statuettes précolombiennes qui ne sortent pas des Puces. Il lit Shakespeare en sirotant des Bordeaux millésimés. Il a une salle de gym ultra-moderne et s'il dépense peu, on sent que l'argent n'est pas pour lui un problème. D'où vient-il, qui est-il ? Pourquoi s'est-il retiré dans ce coin de France où les touristes ne pullulent pas ? Il semble ne rechercher qu'une chose : la sérénité. Il y parviendrait s'il n'y avait pas Véronique. C'est elle qui va l'entraîner dans des enquêtes où se mélangent l'étrange et le supra-normal.
Son nom : Bellagamba. |
  briard
| On accuse souvent à raison la Bande Dessinée de manquer d'ambition. Les scénarios tiennent sur une demi-page, et les dessins si beaux et travaillés qu'ils en deviennent plats. Voilà pourquoi l'arrivée de nouveaux auteurs est toujours intéressante à observer, et surtout si ceux-ci ont fait leurs preuves en écrivant des romans.
Le romancier qui s'attaque à la BD peut vouloir rester dans son univers tout en changeant de média. C'est la démarche la plus intègre et celle qui apporte le plus à la BD (Daeninckx ou Benacquista pour les plus récents). Mais certains écrivains confrontés au dessin sont pris de bouffées délirantes : à eux les effets spéciaux et le grand spectacle ! A eux les héroïnes pulpeuses couchées sur papier ! L'exemple le plus consternant est celui du prix Goncourt Didier van C., qui nous livra trois albums de Vanity Benz, héroïne blonde. Si la Bande dessinée n'y gagne rien, la promotion de l'album auréolé de cette caution littéraire est bien plus facile dans le Figaro Madame.
Patrick Cauvin/Claude Klotz fait donc de la BD. Comme souvent, il semble que ce soit le dessinateur de BD, Max Cabanes cette fois, qui ait contacté le romancier. Il faut dire que l'idée est séduisante.
Klotz aime l'idée de faire de la BD, et montre dans son album quelle en est sa conception. On peut en tirer quatre idées principales.
La bédé se décline en série
Que je sache, Klotz/Cauvin le romancier n'a jamais été tenté de faire des histoires en épisodes. Seulement voilà, pour "faire BD", il faut des numéros sur la tranche des albums. "Qu'à cela ne tienne, jouons le jeu jusqu'au bout : faisons une série, et en couleurs !"
La bédé est une littérature populaire
Le récit est construit comme une enquête, quelque part entre Agatha Christie (pour le mystère, l'enquête tricotée et l'explication finale avec réunion de tous les personnages) et les détectives de l'étrange qui florissaient dans les feuilletons du 19ème siècle. Le rocambolesque, les catcheuses aux cheveux vert Hulk, le héros nommé "belles jambes" et son sourire en coin, la variété des fantaisies érotiques de la copine du héros, les gags bon enfant se succèdent sans discontinuer. On sent bien que le récit n'est qu'un prétexte, et que le scénariste se fiche éperdument de la chute. Celle-ci n'a d'ailleurs aucun intérêt, et est expédiée en une page et demie.
La bédé, ce n'est pas sérieux
Patrick Cauvin/Claude Koltz fait de la BD, et cela semble beaucoup l'amuser. Bien sûr, il n'est pas nécessaire de se prendre au sérieux pour faire de la BD. Encore faut-il respecter le média. Or on dirait que Klotz a accepté de faire de la BD, et partant de cette idée a construit un semblant d'histoire. En le lisant, on ne voit pas chez lui d'envie de se mesurer à la spécificité d'un média nouveau pour lui. Il a empilé tout ce qu'il pouvait dans l'album, le tout dans l'indispensable joie et la non moins primordiale bonne humeur. La BD est un jouet, un hobby pour le vrai écrivain.
La bédé, ça manque de texte
A aucun moment il n'essaie de se plier aux exigences du récit dessiné : son récitatif est omniprésent. Il envahit et plombe la narration dès les premières planches. Dans les planches de Cabanes, le texte est mis en avant à l'extrême. Il assiège le dessin ! On a connu ce dessinateur lumineux et léger dans de précédents albums. Ici, il découpe inexorablement ses planches en quatre ou cinq strips étroits aux cases allongées. Le texte est abondant et couvre parfois le peu d'espace réservé au dessin, rendant la page indigeste et le lecteur claustrophobe.
Plus grave encore, la taille et l'épaisseur des caractères varient anarchiquement selon les ballons : sans aucune raison, les personnages se mettent à susurrer et hurler. Sans compter que les petites cases se voient associées à de grands carrés gonflés d'un texte énorme.
Cet album se veut un désamorçage, une parodie souriante du paranormal et de la superstition. On peut aussi le prendre comme une parodie de la Bande dessinée. Klotz joue avec la BD et avec ses lecteurs. La BD ne gagne rien à cette incursion d'un romancier.
|
|
|
|
|
|
| |
| |