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© Lucky Comics / Lucky Productions

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La belle province
ScénarioGerra Laurent
DessinAchdé
Année2004
EditeurLucky Comics / Lucky Productions
SérieLes aventures de Lucky Luke d'après Morris, tome 1
autres tomes1 | 2 | 3 | 4 | 5 ...
Bullenote [détail]

Au cours d’un Rodéo, Jolly Jumper tombe amoureux d’une magnifique jument, Province. Ce coup de foudre bouleverse la vie de Lucky Luke qui devra se rendre au Québec sur les traces de la belle afin de rendre le sourire à son fidèle compagnon.

 

2 avis

Benny
Alors là j'en suis resté bouche bée....non pas d'admiration, mais de déception.

Comment démolir une série qui a su conquérir un public international? Et bien Laurent Gerra a trouvé la solution et l'a fait pour vous!!! Toutefois en premier, saluons le seul et unique côté positif: le merveilleux travail de copiste qu'a réalisé Achdé, et je ne peux que saluer son talent pour nous replonger dans l'univers graphique des aventures de ce cher cowboy solitaire, lui au moins on voit qu'il est un passionné...

Puis arrive Laurent Gerra : "Tiens c'est joli ça, et si je faisais le scénar'? En plus, j'ai déjà un nom célèbre, ça fera bien vendre vous verrez" et là le grand chef des éditions Dargaud s'écria : "Oh mais quelle bonne idée monsieur Gerra, ce sera avec plaisir, en plus ma femme adore vos sketchs!"

Le sujet? Tssss si vous connaissez bien Laurent Gerra vous devriez savoir qu'il a deux sujets de prédilections (après nos hommes politiques français) qui sont: se foutre des québécois, de Céline Dion et de son mari ! Et hop : ça fait un album !!!
Une bonne drolerie bien lourde, avec tout de même une histoire de bandits qui tente de se faire une place mais qui malheureusement est tout aussi calamiteuse. On mélange le tout, on rajoute Jolly Jumper amoureux, un Rantanplan par ci par là qui disparait pour une case et revient deux pages plus loin....

C'est ça le scénar à la façon Gerra, et en quelques pages (d'un tome qui m'a fait tout de même 1h de lecture, tellement de mal à accrocher....) on arrive parfaitement à regretter les bons vieux scénars qui ont bercé notre jeunesse.... =(((

Non vraiment monsieur Gerra cessez de mentionner que cette histoire est "d'après Morris" car c'est la meilleure chose que vous puissiez faire pour entacher sa mémoire, et puis aussi pendant que vous y êtes......arrêtez la bd.
Baril
Trois ans après la mort de Morris, son génial créateur, Lucky Luke est de retour, dans une nouvelle aventure écrite par Laurent Gerra (oui, celui de la télé) et dessinée par Achdé (oui, celui de C.R.S. = Détresse). Ne tournons pas autour du pot : le résultat est affligeant.

En ouvrant l'album, on se rend rapidement compte qu'Achdé n'est pas l'homme de la situation. Sa prestation est d'autant plus décevante qu'il avait réalisé, en 1999, une histoire courte de bien meilleure facture dans l'album Hommage à Morris. Ici, on retrouve le style, certes dynamique et maîtrisé, mais dépourvu de classe, auquel nous a habitué l'auteur de C.R.S. = Détresse. Malgré des efforts louables, le dessinateur hésite constamment entre du sous-Morris et du pur Achdé, et le résultat est artificiel et déplaisant. Il aurait sans doute été plus judicieux de la part de l'éditeur de choisir un auteur dont le style se rapproche naturellement de celui du Maître (au hasard, l'excellent Didier Conrad alias Pearce, qui, dans sa série Cotton Kid retranscrit parfaitement l'univers graphique de Lucky Luke sans avoir besoin de se forcer à "faire du Morris").

A la lecture de l'album, cette première impression peu flatteuse est amplement confirmée par le scénario.
L'idée de départ de Laurent Gerra est complètement saugrenue (bien que déjà exploitée par Greg dans une histoire courte qu'il vaut mieux oublier) : Jolly Jumper tombe amoureux. L'élue de son coeur étant une jument québecoise, le fidèle compagnon de Lucky Luke entraîne son maître vers la belle province (Province est aussi le nom de la jument, d'où l'espèce de jeu de mot qui sert de titre à l'album). Arrivé sur place, notre cow-boy solitaire se trouve en butte aux agissements malhonnêtes d'un homme d'affaires richissime qui s'est mis en tête de racheter toute la région (c'est original).
Comme on peut déjà s'en rendre compte avec ce résumé, le scénario est construit "à la Uderzo" (voir La galère d'Obélix) : Gerra, incapable de tenir 44 pages avec une seule histoire, mélange allègrement deux trames qui n'ont aucun rapport (à noter que l'amourette de Jolly est rapidement reléguée au second plan et, passées les premières pages, ne sert plus qu'à encombrer un scénario qui n'avait vraiment pas besoin de ça pour être mauvais). Ajoutez à cela qu'un Rantanplan plus pathétique que jamais s'incruste sans raison dans une aventure où il n'a rien à faire, apparaissant et disparaissant au gré des envies du scénariste qui ne prend même pas la peine de l'intégrer correctement à la narration.

Mais le pire, c'est le ton de l'album. Fidèle à lui-même, Laurent Gerra pratique un humour facile, agressif et de mauvais goût, aux antipodes de la finesse et de la tendresse qui caractérisent l'oeuvre de Goscinny. Pour (tenter de) faire rire le lecteur, le scénariste utilise exclusivement les trois éléments suivants :
- des dialogues "en québecois dans le texte", du genre : « T'es hot en maudit, toi, si tu veux être mon chum, j'veux bien devenir ta blonde » (Province) ;
- des batailles de poutine (plat québecois, variante des tartes à la crème) pour un running-gag de très mauvais goût ;
- des apparitions clin-d'oeil de célébrités (dont bien entendu Céline Dion, tête de turc habituelle de l'humoriste) ridiculisées façon Gerra. (Sur ce dernier point, il faut d'ailleurs signaler que les nombreuses guest-stars sont intégrées de façon complètement articielle, puisqu'elles jouent leur propre rôle, alors que Morris avait la subtilité de donner aux acteurs caricaturés un "rôle de composition" qui leur correspondait : David Niven en professeur de bonnes manières, Lee Van Cleef en chasseur de primes...)
Comme on le voit, les auteurs préfèrent nous servir un ramassis de mauvais clichés sur le Québec plutôt que de traiter correctement le sujet, et la "belle province" de l'album ressemble à un far-west en toc peuplé par des bouseux. Il ne faut pas s'étonner si les lecteurs québecois n'ont pas beaucoup apprécié.
Signalons enfin que Gerra n'hésite pas à piller Goscinny, reprenant directement certains gags ou situations dans les albums précédents (par exemple, pour rire, comparez la vignette 4 planche 13 à la vignette 8 planche 15 de Jesse James).

Bref, un album catastrophique indigne de l'homme qui tire plus vite que son ombre. Fans de Lucky Luke, n'achetez pas ce navet et relisez plutôt Le pied-tendre, Calamity Jane ou Le 20ème de cavalerie...
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