|
| |
|
|
|
|
  rohagus
| Derrière un titre romantique et une belle couverture aux allures de peinture de Mucha, on pourrait s'attendre à un roman graphique sentimental. Il n'en est rien. C'est un polar, un polar dans le cadre du Paris de la Belle Epoque, à la fin du XIXe siècle. Un riche industriel a été tué, empoisonné à bord de sa goélette échouée à bord de laquelle il semblait être seul. Un flic parisien est mis sur l'enquête et ses soupçons se portent très vite sur la veuve de la victime qui parait très prompte à profiter de son héritage pour reprendre la main sur l'entreprise de son ex-mari. Ce dernier avait aussi une maîtresse, une jolie rousse qui travaille comme modèle pour peintre, et elle pourrait aider le policier à avancer dans son enquête.
Ce qui marque ici, c'est le graphisme. On sent le plaisir d'Alexis Chabert à faire revivre le Paris d'alors et il arrive à nous le transmettre de belle manière. Certes son encrage manque de précision et n'est pas parfait, mais il passe bien et surtout les couleurs, elles, sont superbes. C'est de la peinture directe, voire de la peinture tout court pour certaines planches très inspirées de tableaux d'époque, ainsi que d'illustrations Art Nouveau pour ce qui est des pages de titre de chaque chapitre. On tombe facilement sous le charme de cette ambiance visuelle, de l'esthétisme de la Belle Epoque, et de son univers mêlant bourgeoisie des grands Boulevards, anarchistes des guinguettes de Montmartre, milieux artistiques et sombres méandres d'une enquête policière.
L'intrigue, elle, est un peu moins marquante mais elle tient la route. L'enquête policière trouve ses avancées de manière un peu facile, avec des témoins prompts à fournir des informations clés au détective. Mais elle mêle des éléments variés et intéressants, intégrant notamment en parallèle de l'enquête officielle une autre recherche de vérité, celle du policier qui cherche à venger la mort de sa fille des suites d'un avortement raté. C'est parfois un rien embrouillé, avec aussi une ou deux ellipses pas très claires, comme la raison de la blessure du héros lors de la scène finale qu'on ne peut que deviner après coup. Mais on se laisse bien porter par le récit qui s'avère assez intelligent, et surtout il permet de savourer pleinement la beauté des décors et de l'ambiance de la Belle Epoque. |
|
|
|
|
|
| |
| |