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| L'Art de la vulve, une obscénité ? |
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  herbv
| Il y a un peu moins de quatre ans, le site du journal Le Monde s’était fait l’écho de l’arrestation de Rokudenashiko, une artiste plasticienne qui s’est spécialisée dans la représentation de sa vulve (et non pas de son vagin comme on le lit trop souvent. Les deux choses sont bien différentes et n’ont, en l'occurence, absolument pas la même forme). Elle cherche ainsi à démythifier le sexe féminin, extrêmement tabou au Japon. L'arrestation à deux reprises de Rokudenashiko (la première en juillet 2014, la seconde en décembre de la même année) coïncidait d'une part à la fin de sa campagne de financement participatif et à l’envoi à ses principaux contributeurs du fichier contenant la représentation 3D de sa vulve, et d'autre part à l'exposition d'une partie de ses créations artistiques. Tout ceci est relaté dans le manga L’Art de la vulve, une obscénité ? sorti en 2016 au Japon et regroupant notamment les différents chapitres prépubliés dès 2014 par l’artiste (qui est aussi une mangaka) dans un hebdomadaire politique (plutôt de gauche).
Les 120 premières pages de cet ouvrage se focalisent essentiellement sur la première arrestation de Rokudenashiko tout en proposant de nombreux intermèdes expliquant tel ou tel point culturel, social ou politique du Japon pouvant être un peu obscur à un lectorat non japonais. Cela représente 18 chapitres intitulés « C’est quoi l’obscénité ? ». Les 60 dernières pages sont constituées pour moitié d’une réflexion sur les raisons qui ont amené l’artiste à se spécialiser dans la représentation des vulves, et pour l’autre moitié d’un entretien avec le réalisateur des films Tokyo Tribe et Suicide Club (entre autres), ainsi que de quelques planches revenant sur la seconde arrestation.
Il est important de faire abstraction d’un graphisme simpliste et d’une narration assez plate pour s’intéresser au message de l’auteure.
Le propos principal est bien entendu porté dans la première partie où la mangaka décrit précisément les moments de son arrestation, ainsi que son emprisonnement préventif, de ses démêlés avec la police et la justice, ainsi que de ses conditions de vie en prison. Sous un aspect factuel, son propos est éminemment politique et critique envers la société japonaise et son système judiciaire. Rokudenashiko exprime son incompréhension puis sa révolte devant le traitement inégalitaire qui est fait aux femmes à partir du moment où elles remettent en cause l’ordre établi, notamment en brisant un tabou extrêmement fort dans nos sociétés modernes : la représentation du sexe féminin. Impossible pour le lectorat français de ne pas penser alors au tableau « L’Origine du monde » de Courbet1, du scandale qu’il suscita à l’époque et de se dire que certaines choses sont malheureusement universelles et n’ont pas changé malgré le passage des siècles.
1) Cependant, n'oublions pas que L’Origine du monde avait vocation à être privé et caché. Il n'est connu du grand public que depuis le mitan des années 1950 ; il n'est exposé publiquement que depuis 1995. |
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