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| Après l'amour, la sueur des garçons a l'odeur du miel |
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  herbv
| Mari Okazaki change de registre et donc de collection chez Delcourt. Après nous avoir proposé une partie des shôjo de l’auteure, voici un aperçu de ses œuvres plus matures sorties chez l’éditeur Shodensha. Avant de pouvoir lire Complément affectif, une série en cours au Japon qui compte 2 volumes à ce jour, voici donc un recueil de nouvelles au titre assez improbable : Après l’amour, la sueur des garçons a l’odeur du miel qui nous propose 5 histoires tournant autour de la sensualité féminine.
La première nouvelle, celle dont le titre a été utilisé pour le recueil, donne tout de suite le ton. On y parle de corps, de contacts et de l’égoïsme de l’amour masculin. Le dessin de la mangaka est superbe et la narration toujours très éclatée, chose qui peut gêner car on n’est pas toujours dans le bon état d’esprit pour apprécier une lecture tourbillonnante. La seconde histoire est une sorte de rêve ayant pour thème le besoin de ne pas être seul, de pouvoir sentir le contact de l’autre.
Ces deux nouvelles ont le défaut d’être un peu courtes et de laisser sur sa faim. Il faut s’imaginer qu’il s’agit de deux instantanés de vie et laisser ensuite son esprit vagabonder sur les idées issues de la lecture. Il n’en est pas de même avec la troisième. Mais si elle est plus développée, on comprend assez mal où veut en venir Mari Okazaki, l’histoire étant très brouillonne. Reste un dessin toujours aussi agréable à voir mais cela ne suffit malheureusement pas.
Alors qu’on peut commencer à s’inquiéter sur la qualité globale du recueil, voilà qu’arrive Le pays où il pleut, une histoire en 3 chapitres. Et là, on retrouve toutes les qualités de l’auteure qu’elle a déployé dans Déclic amoureux et 12 mois. Après 4 page superbes en couleur (bravo à Delcourt pour les avoir gardées) on entre dans le vif du sujet : une histoire d’amour adulte où les sentiments se joignent aux besoins du corps et de l’esprit. Et oui, les femmes aussi ont des envies et des attentes.
On terminera ensuite le recueil sur une nouvelle assez anecdotique mais qui révèle son charme à la relecture, mélangeant souvenirs de jeunesse et sensualité de la chaleur estivale. Trois collégiens veulent faire une blague à leur jeune professeur mais rapidement, la blague se retournera contre eux, la demoiselle les éveillant à la sensualité de l’été, ce qui marquera l'un d'entre eux, jusqu'à bien des années plus tard.
Il en ressort qu’à l’instar du Cocon, il n’est pas aisé de rentrer dans le recueil du fait de la brièveté de ses histoires et de sa narration personnelle. Et le talent de Mari Okazaki est une fois de plus confirmé dans le difficile exercice de la nouvelle. Une belle édition réalisée par Delcourt permet de mettre le contenant au niveau du contenu même si l’adaptation ne me semble pas être tout le temps parfaite, l’abus des suffixes avec les noms étant parfois agaçant même si dans certains cas, cela se justifie totalement. |
nirvanael
| Si les premières nouvelles de Après l’amour, la sueur des garçons a l'odeur du miel poussent à la tendresse et au sourire, avec la troisième, le sentiment de malaise qui nous chatouillait déjà les viscères se fait brûlant. Déjà, que l’amour homosexuel puisse être un genre à part entière, cela me semble étrange et quelque peu réducteur, (l’amour c’est l’amour, point barre, du moment que cela se déroule entre deux individus consentants…), mais le problème n’est évidemment pas là en soi, parce que ce n’est pas bien méchant, on peut avoir ses préférences, etc…
Le véritable malaise vient du fait qu’au fil de ces histoires d’amour entre femmes, le masculin est toujours l’intrus, l’indésirable, celui qui « pue », le rival, celui qui oppresse, qui est jouet et ennui… Si l’on ne ressent pas non plus de haine émerger de l'ensemble, en miroir à ces gays qui clament une misogynie absurde ou à l’homophobie ordinaire, le dégoût de l’homme en tant que sexisme dans sa plus simple expression est tangible au fil des pages… et c’est une chose qui irrite au dernier degré le féministe que je suis.
"Dommage" et "je vais me laver les mains", voilà les deux impressions que laisse cet album au titre trompeur sur la marchandise.
"Dommage" parce que lorsque l’auteure se débarrasse de ces procédés dérangeants elle est des plus agréables à suivre, comme avec la dernière nouvelle pleine d’une douce mélancolie nostalgique que rien ne vient plomber.
Et "je vais me laver les mains" parce que face au mépris qui m’a éclaboussé, à l’image de celui qui habite le regard des deux personnages sur la couverture, j’ai besoin de me faire propre… |
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