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  thierry
| Version courte: Eisner est un genie et "L'Appel de l'Espace" est son chef d'oeuvre. Je ne peux m'empecher d'etre dithyrambique quand il s'agit de Will Eisner. Sa maitrise de "l'art sequentiel" (plongez-vous dans "Big City" si ce n'est pas encore fait) conjuguee a son talent de conteur en font un des auteurs incontournables du 9e Art. Hormis les aventures du Spirit qu'il a cree a la fin des annees 30, l'essentiel de son oeuvre, depuis qu'il est revenu a la BD en 78 avec "Un contrat avec Dieu", se compose de recits psychologiques explorant les relations complexes qui s'instaurent entre les gens dans le contexte de la ville, la "Big City".
Mais au milieu d'ouvrages comme "Big City", "Dropsie Avenue" ou "Le Building", il y a ce veritable OVNI qu'est "L'Appel de l'Espace", ou Eisner s'essaye a la science-fiction. Non pas la SF facon Star Wars, mais une forme plus subtile, qui lui sert une fois de plus a etudier cet etrange animal qu'est l'Homme.
Tout commence par un etrange message venu de l'Espace. Un evenement d'une telle portee ne peut laisser personne indifferent, et l'agitation qui va s'emparer de l'Humanite va engendrer une confusion indescriptible. Politique, science, religion… tout le monde va vouloir mettre son petit grain de sel dans la situation, jusqu'a la rendre saumatre. Sans avoir l'air d'y toucher, Eisner reussit une analyse tres pertinente des travers de notre societe, ce signal venu de l'espace n'etant finalement qu'un catalyseur.
Patiemment, Eisner tisse sa toile, entrecroise le destin de ses personnages. Rien n'est laisse au hasard. Le resultat est une satire feroce et brillante, qui reste d'une brulante actualite, meme si ecrite il y a pres de 20 ans.
Philip K Dick aurait adore ! |
rohagus
| Cette bande dessinée ne manque clairement ni d'originalité ni d'ambition, surtout pour l'époque de sa parution.
Will Eisner part du postulat d'un signal manifestement extra-terrestre capté par un radio-télescope américain pour développer une histoire complexe sur les conséquences mondiales et très humaines de cet événement. Le contexte est celui de la fin des années 70, en pleine guerre froide et à la sortie du mandat de Nixon donc à une époque où les USA tiennent fortement et sans détour à garder leur hégémonie mondiale. Ce décor géopolitique empli d'espions de tout poil parait un peu vieillot de nos jours mais il ne manque pas d'intérêt, d'autant qu'il est abordé avec objectivité, désillusion et une pointe de causticité par Eisner.
Le dessin est impressionnant, comme toujours avec Eisner. Son trait est souple, dynamique et clair. La liberté et la maîtrise de sa mise en page sont épatantes. Ce style parait indémodable.
Un tel scénario aurait dû me captiver. Malheureusement, j'ai en partie succombé à sa complexité. J'ai en effet eu l'impression d'observer un arbre dont le branchage se ramifiait de plus en plus au fil des pages, chaque branche amenant de nouveaux personnages, de nouvelles sous-intrigues et de nouvelles possibilités. Ces ramifications se croisent, s'entrecroisent, me faisant perdre un peu le fil à certains moments. Il devient en effet compliqué de comprendre et se souvenir des motivations de chacun.
Du coup, certains passages essentiels me paraissent un peu incohérents. Pourquoi chercher à atteindre au plus vite une planète déjà habitée comme si l'atteindre permettait de la conquérir ? Quel est le véritable but de la Multinationale ? Qu'a-t-elle à gagner à ses énormes et coûteuses machinations ? Quel est le but du héros finalement et pourquoi empêche-t-il tout départ de fusée en pensant qu'ils impliqueraient une guerre mondiale ? Quel est le véritable avantage d'envoyer ces mutants végétaux dans l'espace ?
Ce sont ces petites complexités pourtant essentielles dans le récit qui m'ont empêchées d'être complètement pris dans l'histoire (sans parler des quelques incohérences scientifiques comme le fait qu'en 1977, un scientifique puisse affirmer en quelques secondes qu'un signal provienne d'une planète de la taille de la Lune dans un système situé à 6 années lumière de la Terre, ou encore qu'une fusée puisse atteindre cette dernière en seulement 10 années). Trop de ramifications et de personnages, cela m'a un peu fatigué. J'aurais aimé que l'auteur se focalise sur une trame principale pour son récit. Et évidemment, ma curiosité est frustrée de ne pas avoir pu découvrir à quoi ressemblait cette probable civilisation extra-terrestre.
Du coup, même si cet album est gros et dense, je trouve son prix (neuf) un peu élevé par rapport au plaisir que j'ai éprouvé à sa lecture.
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