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| Comme un animal en cage - Vincent Murat |
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  thierry
| Il est des bandes dessinées qui étaient bien « pour l'époque », qui avaient contribué à secouer le cocotier du conformisme de la bande dessinée grand public... mais qui, lue avec un regard actuel, manquent cruellement de corps. Elles s'aventurent dans des territoires alors vierges pour la bande dessinée, mais ne s'enfoncent guère loin. La volonté est là, mais le résultat reste très timide.
J'avais gardé un très bon souvenir de cette bande dessinée. À la relecture, je me suis rendu compte qu'il y avait un part de fantasme. Le calvaire de Vincent Murat dans la cage me semblait beaucoup plus long et rude alors qu'il n'occupe que quelques pages dans le récit. La vivacité de ce souvenir tient certainement à ce qui représente la meilleure partie de l'album. Cette séquence est due (et c'est le scénariste qui le dit) au seul Frank : le cauchemar halluciné du héros lorsque la soif le fait délirer. Frank propose alors deux planches magnifiques d'ambiance.
S'il ne fallait garder qu'une chose de cette bande dessinée, ce serait ces deux pages. Pour le reste, nous sommes dans un récit que si situe dans l'héritage immédiat de Bernard Prince ou Histoire sans Héros.
En pleine jungle, un vieux coucou s'envole avec entre autres à son bord une jeune héritière, un professeur d'université, un prisonnier politique escorté vers la prison et un marchand d'animaux qui a embarqué avec une cargaison d'animaux entassés dans des cages vétustes. Pour la jeune héritière, ce genre de commerce est ignoble ; elle fait bien sentir son dégoût à Vincent Murat.
L'avion s'écrase lorsque des rebelles tentent de libérer le prisonnier. Comme le titre l'indique, au fil des péripéties, le cynique Vincent Murat va se retrouver enfermé dans une cage. Pour le reste, j'aurais envie de dire qu'on se retrouve face à un maillon perdu de la bande dessinée façon Dupuis, entre l'âge d'or franquinesque et le réalisme revendiqué des années 1990 et suivantes. Du bon travail mais qui reste trop limité par les contraintes d'une bande dessinée qui se doit d'être grand public, qui peut effleurer certains sujets mais sans les approfondir (par exemple le contexte politique est inexistant alors qu'il aurait été utile pour comprendre le rôle du prisonnier politique) et qui doit rester dans les clous d'un format pas nécessairement adapté.
Intéressant pour les fans de Frank, parce que ce livre est loin d'être honteux. Mais il a beaucoup vieilli. |
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