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| L’histoire qui ouvre le recueil et lui donne son titre, s’ouvre sur une scène triviale : trois personnages de co-locataires, affamés dans leur appartement, se font livrer un plat de poulet. Las, le fournisseur, un coq, n’avait plus de stock disponible, aussi s’est-il résolu, non sans regrets, à sacrifier son propre enfant (un poulet, donc) à l’appétit de ses clients ! L’histoire s’achève, avec beaucoup d’ironie, sur une petite cérémonie grinçante rendue par tous les protagonistes du récit à la mémoire du jeune poulet qu’on vient de manger… |
nirvanael
| Etablissons les choses d’emblée : "L’amour est une protéine" est pour moi un très bon album, une de ces excellentes surprise que Casterman a le secret de nous dénicher (dans une nouvelle collection, Hanguk, qui sera l'équivalent coréen de Sakka). Deuxième chose : il ne s’adressera pas à tout le monde, c’est une certitude.
Vous voulez savoir s’il serait susceptible de vous plaire ? Faisons le test ensemble.
Vous êtes en librairie, rayon manga, toutes les nouveautés sont étendues, à perte de vue. Les couvertures se ressemblent et ne vous disent rien de spécial, il y a énormément de séries que vous ne connaissez pas et dont vous pensez que la lecture ne vaudra sûrement pas le détour, quitte à leur laisser une chance, mais vous étouffez. Malgré ça, avec les deux albums que vous avez prévu d’acheter aujourd’hui, vous tenteriez bien autre chose, dans votre humeur du moment : simplement vous laisser guider par votre curiosité.
Bien, nous y sommes.
Alors que vos yeux parcourent les albums au hasard, votre regard pourrait-il s’arrêter sur la couverture de "L’amour est une protéine", cette couverture qui est à mon sens une pleine réussite et qui contient ce qui se dégage du volume dans son ensemble ? Regardez-la bien. Un poulet humanoïde nous ferait d’abord dire que nous sommes dans le registre du rêve, du fantastique ou du n’importe quoi, si ce n’était cette expression mélancolique qui malgré la composition générale qui prête à sourire, captive. Si l’émotion de ce personnage a priori ridicule et à portée comique vous touche quelque part, il faudra alors aller encore plus loin, jusqu’à voir ce que vous évoque le titre. "L’amour est une protéine" est en effet un titre qui porte à la fois l’humour de ce recueil, la cruauté qu’on y trouvera, autant que l'absurdité sensible qui pourra parfois habiter certaines de ces nouvelles éclectiques. Eclectiques de par le fond, mais la forme aussi puisque le premier récit en couleur sera suivi d’autres en noir et blanc, qui iront du graphisme plutôt classique (bien que maîtrisé et personnel) à celui plus travaillé que l’on attend d’une œuvre dite « d’auteur ». Dans le traitement des thématiques autant que le sentiment de nostalgie et de burlesque qui nous happe parfois au fil de ces six nouvelles, il y a autant du Matsumoto et de son "Printemps bleu" que parfois du "My street" de Nie Jun, en tous les cas quelque chose qui sort de l’ordinaire mais pas de la mémoire une fois la lecture achevée.
Voilà, alors ? Qu’est-ce que ça a donné ?
Texte chiant à lire ?
Et bien passez, de toute façon le potentiel succès de "L’amour est une protéine" était couru d’avance et l’essentiel reste de se faire plaisir.
Un petit quelque chose vous a titillé ?
Foncez mes amis, malgré le prix plutôt dissuasif (mais qui le vaut bien avec un travail d’adaptation irréprochable et tout un récit en couleur) vous ne le regretterez (sûrement) pas. Cet album est un petit bijou arrivé de Corée, étrange et intéressant en diable, comme on en verra peu.
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