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| Lewis Trondheim, un jour qu’il se trouvait en vacances en famille dans les Cévennes, retrouve un magazine de bande dessinée provenant à n’en pas douter d’un monde extraterrestre. Il décide alors de confier à Bréal Jeunesse la publication de cet objet unique au monde. Dans chaque chapitre, on suit les aventures d’un personnage différent, dans un monde étrange et violent dont les protagonistes ressemblent à des sortes de Pokémon. C’est le premier livre venu de l’espace jamais publié sur le Terre. |
  asacem
| Cette bande dessinée aurait été trouvée par Lewis alors qu'il se promenait avec sa famille dans les Cévennes. C'est pourquoi elle est baptisée Anthologie de Littérature Infantile Extraterrestre Egarée Négligemment.
Cela raconte de manière un peu ésotérique les périgrinations de divers personnages: animaux rappelant un poussin et un chien, des espèces de petites peluches couvertes de cicatrices, et bien sûr de très étranges extraterrestres comme celui en couverture. Il y a de rares bulles de textes, dans une langue extraterrestre.
Cet album n'est pas sans rappeler le travail de Jim Woodring: par son coté parfois ésotérique, et par le rythme du récit. Mais il s'en distingue par un style bien plus épuré, tant graphique que narratif.
Livre pour enfants extraterrestre, il n'est pas dépourvu de violence, de scatologie, de sexe ( une peluche se fait sucer comme un bonbon ) et d'évènements apparemment irationnels.
Si Trondheim persiste dans sa volonté de moins faire de bande dessinée, espérons qu'il trouvera encore plein d'autres perles de cet acabit lors de ses promenades en famille.
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lldm
| Si l'on en croit ses régulières autocritiques, Lewis Trondheim doit être le seul à ignorer encore combien il est un excellent dessinateur ; avant de prendre un tel plaisir à la lecture de son A.L.I.E.E.N., j'étais déjà conquis par son aspect : la grâce de son parti-pris graphique et un délicat travail de mise en couleur soutenu par des effets de trames piquées qui auraient bavoché sur un papier trop poreux.
L'apparence rudimentaire de la narration (renforcée par celle du graphisme) et le choix de la garder muette (ou de rendre inintelligible ce qui s'y lit) masquent un récit plus riche et plus complexe qu'il n'y parait au premier coup d'oeil : il l'est sur le plan narratif par une diversité d'angles de vue, de vies parallèles qui convergent à certains points de capiton comme dans les galaxies de Balzac ou dans les films de Altmann, qui piègent en fait une trame serrée, un scenario mouvementé, sous l'apparence trompeuse du dénuement et de la simplicité. Il l'est aussi du point de vue du discours, A.L.I.E.E.N. proposant dans son ensemble articulé d'histoires muettes la cohabitation d'un authentique projet moral (d'autant plus rare au fond qu'il met en lumière l'échec des actions morales et les mirages de la cohérence entre le choix qui y préside et le bienfait de leurs conséquences) et d'un humour absurde dont on pourrait dire, d'une manière générale, qu'il signe l'anéantissement (ou la vanité) de tout projet moral.
Cette cohabitation éclaire toute la difficulté qu'il y a à évoquer, à établir — qu'il s'agisse de bande dessinée ou de toute autre forme d'art — un projet moral par sa pratique artistique sans instrumentaliser celle-ci (et donc la réduire) aux fins de ce projet.
L'inaptitude millénairement établie des hommes à tirer de celle-ci le plus petit enseignement fait souvent douter que la Torah leur fut vraiment destinée: et si Dieu s'était trompé de planète? (selon Philip Roth, Dieu est fou, et ce n'est peut-être pas une hypothèse à prendre à la légère... Le Tsim-Tsum lui ayant au moins creusé une case, on peut tout imaginer...). Alors quelle était l'exacte fin de ce petit livre destiné aux enfants extra-terrestres?
Je ne peux pas m'empêcher, devant les dernières planches emportant récit et décor dans le flot d'une immense chierie, de penser à la correspondance de Flaubert, dans laquelle il écrivait à son ami Tourgueniev en 1872:
"J'ai toujours tâché de vivre dans une tour d'ivoire ; mais une marée de merde en bat les murs à la faire crouler. Il ne s'agit pas de politique mais de l'état mental de la France".
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washkami
| Délire jouissif, cauchemardesque, sans mots terrestres et totalement trondheimien. En 9 chapitres, ce one-shot offre les chroniques d'un monde alien à la fois tendre, cruel et (parfois) horrifiant, doté de personnages simples mais nettement caractérisés, marqué par des couleurs contrastées, ludiques en apparence seulement. La logique est imparable même lorsque le sens n'est pas évident : Trondheim nous propose ici une BD ouverte, et un univers extra-terrestre parfaitement réussi. |
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