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  dampremy jack
| Il aura fallu attendre onze ans pour qu’un éditeur francophone se décide à publier ce chef d’œuvre de la bande dessinée polonaise. Conte onirique au graphisme époustouflant, « Achtung Zelig » nous emmène sur les traces d’un père et de son fils, juifs, qui fuient les camps de concentration. Sur leur chemin, ils croisent une troupe allemande dont le chef, grotesque nabot à l’humour grinçant, les invite à boire un verre en sa compagnie. Sur fond d’horreur, c’est un récit complexe sans être compliqué que nous proposent les auteurs, mêlant habilement tendresse et férocité, beauté noire et rire jaune. Les tons gris-bruns, capturent le lecteur au fil de l’histoire et celui-ci se voit bientôt hypnotisé par les cases somptueuses qui défilent devant ses yeux. « Achtung Zelig » incontestablement partie des incontournables de cette rentrée. Achetez-le qu’on vous dit ! |
effer
| Cet album propose une vision moderne, décapante, de l'extermination des juifs par les nazis. Zelig père et fils se cachent des SS et tombent sur une de leur section, qui ont capturé des chats pour les exterminer et les remplacer par des animaux " aryens" ( métaphore du sort promis aux juifs. Leur chef déguisé comme un magicien de cirque renvoie l'image d'un théatre burlesque et grotesque de la seconde guerre mondiale en Pologne ( avec toutes les atrocités nazis) . Une jeune génération de dessinateurs polonais se dégage des stéréotypes qu'on lui a enseignés sur la guerre et en donne sa vision personnelle. Le dessin, montre les personnages aux formes grotesques, d'un expressionnisme moderne. Seul le décor, de champs de mort et les couleurs sombres évoquent l'image d'une sinistre farce. A lire pour découvrir ce qui se fait ailleurs en Europe. |
Coacho
| Rosinski nous apprend en post-face la renommée de ces 2 auteurs polonais qui ont mis tant de temps à être publiés en France… Pourquoi ? Casterman prenait le risque éditorial et nous offrit ce récit hors-normes.
Hors-normes dans tous les sens du terme tant il est surprenant dans sa façon d’aborder l’horreur de la déportation, le tout servi par un graphisme peu commun…
Zelig père et fils fuient la déportation mais tombent dans les bras d’une patrouille allemande dirigée par un énigmatique personnage utilisé métaphoriquement comme les nombreux pantins qui ont été manipulés durant cette période terrible.
Loin des représentations habituelles de la narration de cette époque, les auteurs nous conduisent sur un chemin onirique et fantasmé qui retrace les absurdités et l’horreur qui dévasta la Pologne durant ces heures sombres…
Je vous laisse découvrir les nombreuses trouvailles remarquables d’intelligence qui font de ce livre un angle de compréhension novateur et effrayant, absurde et grotesque, magique et fascinant… Les couleurs renforcent la froideur de cette ambiance proche de la folie…
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Manu Temj
| Alors voilà comment un album de bande dessinée a pu me paraître à la fois jubilatoire et décevant… explication… Les auteurs nous installent dans un univers graphique et narratif simplement époustouflant. Sur une base réaliste somme toute classique, proche du meilleur Rosinsky (ferait-il école dans sa patrie d’origine ?), lorgnant sur les grands « hachureurs » de la bande dessinée européenne des années 60 à 80 (Giraud, Palacios, Hermann…), se développe un récit absurde et fantastique, empreint de cruauté et de folie. Sous nos yeux ressurgissent d’un bloc les meilleures références bédéphiles du genre. On se prend à penser aux œuvres de jeunesse de Jacques Tardi ou aux grands albums de Didier Comès, rien moins ! Et puis brutalement, au détour d’une page, contrepied total, c’est Breccia, ses contre-plongées inquiétantes, ses ruptures de rythme et ses aplats noirs magnifiques, qui nous saute à la gueule. Pas mal !… se dit-on ces gars là ont compris bien des choses et re-paf ! Page délirante, détournement iconographique à la Winshluss/Cizo… Tout ça parfaitement articulé dans une succession absurde emballante. N’en jetez plus, les jeux sont faits !…
…pas tout à fait, parce qu’en refermant l’album, encore tout estourbi par la démonstration de virtuosité dont je devais me remettre, j’ai eu comme un goût d’inachevé, l’impression confuse que le fond était un peu insuffisant, ou alors que je ne l’avais pas complètement reçu. J’ai lu cet album il y a une quinzaine de jours, j’ai eu le temps d’y repenser, de cerner un peu mieux sans doute ce qui me semble être une approche assez innovante tout à la fois de la folie nazie, et de la stupidité guerrière, comme une monstrueuse péripétie de l’histoire. Mais dans leur volonté d’ouvrir une boîte de pandore de la folie, de faire de leur histoire un gâteau plein de crème et de décorations, les auteurs ne se sont-ils pas laissés entraîner, oubliant un rien le fil de leur réflexion ?… Peut-être manque-t-il à cette œuvre de jeunesse (semble-t-il) la maîtrise d’un Jacques Tardi par exemple, une capacité à canaliser un récit surréaliste dans un tout convaincant… Je ne sais pas…
Un très très bon album, assurément à lire, auquel il manque un petit rien pour en faire un chef d’œuvre. |
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