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| Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill |
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  rohagus
| Je rapprocherais cette BD de "Chaque chose", parue chez le même éditeur. Comme Julien Neel y racontait quelques épisodes romancés de sa propre jeunesse, Jean Régnaud raconte sa propre enfance dans Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill.
C'est l'enfance d'un petit garçon qui vient d'entrer au CP, qui vit avec son petit frère, son père "patron d'entreprise" trop souvent absent et Yvette, la jeune fille qui s'occupe d'eux. Dans cette famille, plus de mère car elle est "partie en voyage". Mais personne n'a expliqué au jeune Jean et à son frère ce qui se cache derrière ce voyage et personne ne leur a dit qu'elle ne reviendrait pas.
Sous la forme de nombreux chapitres courts, nous suivons la petite vie des deux enfants, l'école, les questions qu'ils se posent, les moments qu'ils aiment ou aiment moins, les séjours dans la famille ou chez les amis. Parmi tout ce monde-là, personne ne veut expliquer à ces garçons encore ingénus mais sensibles pourquoi leurs grands-parents pleurent quand ils parlent d'eux, pourquoi le psychologue de l'école pose des questions insistantes sur leur maman, pourquoi leur père est toujours renfrogné et si absent. Tant et si bien que la jeune voisine, sachant que Jean ne sait pas lire, décide de lui faire croire qu'elle reçoit des cartes postales du bout du monde que sa maman écrit à Jean et de les lui lire en cachette.
Le dessin d'Emile Bravo, comme on l'a vu dans la formidable série Jules, colle parfaitement à cette ambiance enfantine, sensible et intelligente. Il donne les expressions parfaites à ses personnages et les sentiments passent d'eux-mêmes.
Le récit, pour sa part, est sympathique et on sent l'authenticité et les souvenirs amers derrière cette autobiographie.
Cependant, malgré tout mon intérêt pour cette histoire et mon affection pour le rendu graphique et narratif d'Emile Bravo, je dois dire que je reste un peu sur ma faim après lecture. J'ai un peu l'impression d'avoir suivi quelques tranches de vie d'une enfance un peu morne sans qu'il en ressorte plus que des faits et quelques sentiments attendris pour ces deux pauvres frères orphelins sans le savoir. Le récit manque en effet d'un peu de relief à mes yeux. Seule la fin m'a vraiment touché avec cette poignante comparaison entre l'existence du Père Noël et celle d'une maman.
Par contre, je dois dire avoir bien apprécié les interludes disséminés au long de cet album : leur humour contraste très agréablement avec l'aspect sérieux du reste.
C'est une bonne BD, très bien illustrée, intéressante et touchante notamment sur la fin. Mais elle n'a pas su me toucher autant qu'un tel sujet l'aurait pu, je le crains.
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Coacho
| Jean Regnaud a confié à Emile Bravo la difficile tâche de la mise en image d’un récit qui parle de l’absence. Mais l’absence la plus douloureuse, celle d’un enfant qui cherche sa mère.
Il s’agit d’un récit poignant abordé en délicatesse et qui propose plusieurs niveaux de lecture.
La timidité de Jean, la vie à l’école, les tourments du père, les amis, la piscine, autant de saynètes qui ont déjà été la vie de tout lecteur.
Ainsi, le processus d’empathie fonctionne à merveille mais ne joue jamais de facilité, en particulier sur les ressorts dramatiques.
Cela est dû au talent de Jean Regnaud, mais aussi à la grâce du trait fin et subtil d’Emile Bravo qui se place idéalement sur le texte.
Des cases qui touchent, un découpage aéré, des respirations d’une grande douceur, tout est fait pour emmener plaisamment le lecteur sans le heurter.
Lorsque le propos se fait plus rude, plus difficile, le chapitre se clôt et un petit interlude vient redonner un peu de fouet au lecteur.
Un livre brillant qui montre que l’on peut traiter de sujets grave sans pathos mais ça, c’est le signe évident du talent et de l’intelligence. Ce n’est pas donné à tout le monde, alors ne passez pas à côté.
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