| Parmi les nombreuses inventions et expérimentations qui ont fait d'Osamu Tezuka le «dieu du manga», il en est une, peut-être moins connue, qui ne manquera pas de surprendre les amateurs. Car avec HATO, toujours plus haut, c'est au «roman graphique» que s'attaque le grand homme, et ce bien avant que Will Eisner, autre génie populaire, n'en pose les bases au début des années 70, aux États-Unis. Créé au cours de la période la plus faste et la plus inspirée de la carrière de Tezuka, HATO mêle textes illustrés et bande dessinée pour raconter les aventures de deux frères dont le destin va être bouleversé par la querelle ancestrale qui oppose deux des plus puissantes divinités du Japon. Dans cette œuvre qui mêle avec bonheur mythologies animistes, légendes japonaises et fantaisies propres au père d'Astro Boy, le merveilleux est aux commandes : les enfants y ont la puissance de véritables colosses, les animaux s'y travestissent en voyageurs pour duper plus facilement les Hommes, et les éléments de la nature y dissimulent autant de déesses amicales que de dieux jaloux. Poésie et enchantement sont les maîtres mots de ce bijou, que Tezuka lui même décrivait comme «son enfant préféré».
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