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| Les Temps Mauvais - Madrid 1936-1939 |
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  rohagus
| Depuis 1976, année où il a publié les premières pages de Paracuellos jusqu'à 1985 où il a fini de publier Les Professionnels en passant par Barrio, Carlos Gimenez a raconté sa jeunesse, son adolescence puis sa vie de jeune adulte dans l'Espagne d'après-guerre sous le règne régulièrement ubuesque de Franco. Avec Les Temps Mauvais, il boucle la boucle en racontant la Guerre Civile qui a justement vu l'Espagne tomber sous le joug des Franquistes.
Comme pour ses œuvres précédentes, il présente les faits vus de l'intérieur, par les yeux de civils n'ayant rien demandé qui se retrouvent à subir les horreurs de cette guerre qui aura servi à la fois d'exercice préparatoire à la Seconde Guerre Mondiale et de jeux d'échecs et d'entraînement pour les idéologies fascistes d'une part et communistes d'autre part. Hormis quelques histoires se déroulant en camp nationaliste pour montrer l'autre face aussi peu glorieuse des événements, la majorité de la série met en scène une famille ayant survécu comme elle a pu dans la ville de Madrid assiégé de 1936 à 1939. De la tentative de putsch raté des Franquistes jusqu'à la chute de Madrid et leur installation au pouvoir, c'est toute la guerre et ses conséquences qui sont présentées.
De cette guerre, je ne connaissais que bien peu de choses. Tous les récits et bandes dessinées que j'avais lus à son sujet se déroulaient généralement sur sa fin, avec le côté romantique des brigades internationales, et essentiellement des histoires de défaites, de magouilles politiques, de mort et d'exode des républicains et des civils concernés. La lecture de cet album s'est donc révélée très instructive mais aussi vraiment édifiante. Carlos Gimenez n'a pas son pareil pour montrer l'injustice des hommes et des scènes particulièrement horribles dans la simplicité de leur cruauté humaine.
En parallèle, il maintient en permanence le sentiment de vie, l'humanité voire même l'humour de ses personnages, ne plongeant jamais dans le pathos, tout au plus dans quelques dénonciations sans concession de l'absurdité humaine mais aussi de l'impudence des profiteurs et des phalangistes les plus écœurants. L'auteur prévient en effet qu'il se montrera aussi factuel que possible mais qu'il ne pourra en aucun cas être objectif sur le sujet précis de cette guerre et du camp vainqueur dont il a subi très directement les conséquences durant sa jeunesse. Malgré la rancœur qui s'en dégage, le récit a tout de même à cœur de montrer les deux faces de la médaille de chacun des camps. Il s'en dégage aussi un certain humour, parfois noir, tant l'absurdité des choses peut finalement prêter à sourire... jaune.
Excellent ouvrage historique mais aussi excellent récit humain, très bien mené, jamais ennuyeux, très instructif et souvent poignant.
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