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© IMHO

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Hansel et Gretel
ScénarioMizuno Junko
DessinMizuno Junko
CouleursMizuno Junko
Année2005
EditeurIMHO
SérieOne-shot !
Bullenote [détail]

Il était une fois... Hansel, élève turbulent et bavard, et Gretel, jeune fille impulsive prête à jouer de son sabre en bambou pour défendre la veuve et l’orphelin. Dans un monde si parfait où les épinards poussent dans les cheveux et où les cochons n’ont qu’une seule envie, vous offrir leur côtelette, la vie aurait été trop facile sans l’arrivée de la Reine Maryline et de ses sorts maléfiques. Hansel & Gretel réussiront-ils à sauver le pays des rêves ?

 

1 avis

Mr_Switch
L’éditeur IMHO s’est fait connaître, à mes oreilles, par sa publication d’œuvres de Junko Mizuno. Ses albums sont en effet officiellement ou officieusement destinés à un Public adulte averti.
Certains lecteurs potentiels ont pu s’étonner de cette mise en garde. La couverture parait assez innocente. Et même à la lecture, d’aucuns pourront continuer à trouver cela gentillet. Et pourtant cet Hansel et Gretel est bel et bien classé seinen underground. (pour rappel : le seinen est un manga pour homme, donc pour un public un cran au-dessus du shônen. Le seinen souterrain n’est donc pas pour les mineurs.)

Mais en quoi cet album, aux airs de mignon kawaii, est-il subversif ?

Une première théorie, qui s’appuie sur les quelques poitrines dénudées, n’est pas convaincante ou du moins pas suffisante. C’est vrai que les tétons sont bien colorés et qu’un reliquat de censure de type américaine pourrait motiver un peu la chose. (La censure américaine autorisant des seins aussi gros qu’on veut, du moment que le téton n’est pas représenté).

Gretel a un sabre en bambou, mais on ne voit pas de violence explicite.

Non, je pense que c’est justement dans le mélange des genres que la gêne s’installe. Il y a un décalage entre ce que l’album semble être et ce qu’il est. Et ce décalage est à la fois l’intérêt, le but et le problème de ce manga.

N’est pas négligeable également, l’effet volontaire de trouble provoqué par l’avertissement lui-même. En lisant le bouquin, on est sur la défensive, autant en raison de la mise en garde que du style graphique décalé. Il y a la peur d’être pris au dépourvu en tournant la page. L’auteur se jouerait de son lecteur : « Remarque les mignons petits dessins, comme c’est gentiiil. Mais toi, tu es adulte, tu sais que je veux t’avoir au tournant. Alors tu vas prendre tes précautions. Tu vas anticiper. Enfin tu crois le faire…»
On dit que les meilleurs films de terreur sont ceux où on ne voit rien, où c’est plus suggéré que montré.
On est ici dans un registre proche. Ce qu’on voit oscille entre kawaii et utilisation détournée du code kawaii. Mais une ambiance parfois inquiétante, parfois malsaine, toujours indéfinissable, se dégage.

A la fin de l’album, on trouve des Paper Dolls. Vous savez, des figurines de papiers sur lesquels on place des vêtements de papier. On connaît ça, en France, mais c’est un vrai phénomène au Japon. Quand j’ai commencé découvert Internet, début 2000, c’était la mode des Paper Dolls virtuelles. On en trouvait de tous genres, en vrac. Des plus mignonnes aux plus ambiguës.
C’est exactement cette ambiguïté que Mizuno exploite.
L’héroïne et la jeune « sorcière » en poupées à habiller, inutile de dire que c’est purement ironique. Toutefois, je reconnais l’ironie car je sais que l’ouvrage est underground. Si je n’avais pas été « averti » (on y revient), n’y aurais-je pas vu un quelconque produit dérivé ?

Ben oui, parce qu’en fait, cet Hansel et Gretel critique sans doute tout simplement la production de masse. Une contre-culture manga, peut-être.

Bien sûr, ce manga puise sa trame dans une variation autour du thème, du mythe d’Hansel et Gretel (des frères Grimm, pour ceux qui n’oseraient pas demander). Le conte est passé à la moulinette. Et je ne le trouve pas si éloigné que cela de l’original … dans les détails : la famine, la sorcière anthropophage qui finira comme dans le conte, les maisons-friandises…
Comme on ne peut plus les nourrir, les frère et sœur, Hansel et Gretel sont abandonnés, non pas dans la forêt, mais dans le supermarché. (La forêt et le supermarché sont les réserves alimentaires par excellence. (à des époques différentes, certes))

Certaines critiques sont assez explicites : Les légumes sont fournies par les deux Sœurs. Les épinards, les fruits, leur poussent sur la tête. Cette représentation est assez poétique. Pourtant la sœur qui produit le mieux, est avachie devant la télé telle … un légume.

Généralement, les contes se font dénonciation de l’individualisme. Ici, ça ne manque pas, c’est le contre-pied total. C’est la gentillesse de Gretel qui a provoqué le drame. Le double tranchant d’un altruisme mal compris mal interprété, c’est terrible ! Cet élément scénaristique est, ma foi, est une des réussites de l’album. C’est sardonique et assez vrai en même temps…

Pour finir, on peut citer quelques éléments qui montrent en quoi nous sommes dans la parodie :
- Les héros, affamés, ont des mines de déterrés, de vampires, alors que la sorcière cannibale a le teint rose.
- Une maladie génétique devient une clé positive de l’histoire …
- Mine de rien, ce sont les filles, les femmes qui sont au cœur de l’histoire. C’est l’antithèse de certains shôjo. Gretel est une femme forte. Hansel est celui qui crie (très fort certes).
- Mizuno est connue pour ses inspirations gothiques. En cherchant des infos ci et là, on peut découvrir que certains lecteurs tiquent quand le cochon s’automutile pour le plaisir de ces amis. D’autres encore sont soulagés que le gadget que Hansel a sur la bouche ne soit pas du type sado-maso. C’est toujours amusant, dans les parodies, de confronter la vision de diverses personnes sur un détail. On a souvent des surprises, ahma. Personnellement, je voyais bêtement un nez de clown ou un nez artificiel…

Pour conclure, on soulignera les couleurs acidulées qui ornent cette histoire sous acides. Ai-je aimé ? Je suis bien content d’avoir testé ce manga alternatif. De là à vouloir lire les autres tomes de l’auteur … Plus tard peut-être.

(Ah oui, après avoir lu ce bouquin, on ne voit plus les graphismes mignons de la même manière. J’ai senti un malaise en tombant sur cet innocent site.)
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