Dans "Fax de Sarajevo" Joe Kubert met en image les fax que lui envoyait son ami Ervin Rustemagic témoignant de l'horreur de la guerre en Bosnie. A chaque fax placé en début des chapitres répond son adaptation en bandes dessinées. Et au delà des redondances, c'est l'interprétation de Kubert qui gène. Joe Kubert n'hésite pas à employer tout son talent de déssinateur de super héros pour nous servir de très belles pleines pages stylisése où des enfants (cadrés en contre plongée, ça fait toujours plus d'effet) sautent sur les bombes en prenant la pose. Pour les explosions on a le droit à de manifiques "Whrumpf" traversant les cases avec leur dégradé vert-jaune flashy. Pour les viols, la meilleure représentation est évidement l'ombre chinoise. Mais l'echec de ce livre c'est aussi le récit qui est qu'une accumulation de scenes tire-larmes indigestes. La représentation de la famille parfaite qui sait rester digne face à l'absurdité de la guerre est pathétique. S'ajoutent en plus à cela les réflexions à deux balles de l'auteur du genre : "C'est incroyable je suis a New York, bien au chaud pendant que lui est sous les bombes à Sarjevo : quel monde de dingues" et sa poésie à l'emporte pièce "sur une route étroite et tortueuse une petite voiture roule vers Sarajevo trouant l'obscurité d'un faisceau lumineux" .
"Fax de Sarajevo" est donc une bd pleine de bonne volonté qui manque completement le coche. Mais ce combo bonne volonté + sujet difficile lui a tout de même permit de décrocher un eisner awards et l'alph art du meilleur album étranger en 98.
