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© Albin Michel

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Brune
ScénarioGuibert Emmanuel
DessinGuibert Emmanuel
CouleursGuibert Emmanuel
Année1992
EditeurAlbin Michel
SérieOne-shot !
Bullenote [détail]

 

1 avis

thierry
Brune paraît aux éditions Albin Michel en 1992.
Il s'agit du premier livre d'Emmanuel Guibert, un jeune auteur encore inconnu adoubé par Tanino Liberatore. Il s’est depuis imposé comme l’un des auteurs les plus intéressants des années 2000 avec des œuvres aussi marquantes que Le Photographe ou La Guerre d’Alan, tout en scénarisant des bandes dessinées pour enfants comme Sardine de l’Espace.
En ouvrant Brune, on peut légitimement se demander s’il ne s’agit pas d'un homonyme tant le style graphique est différent, presque diamétralement opposé à ceux qu’on lui connait. Ce livre semble tellement à part dans sa bibliographie que je n’hésiterais pas à le considérer comme un faux départ pour Guibert.
Il convient de remettre la réalisation de ce livre dans son contexte. Emmanuel Guibert est un jeune auteur repéré par Tanino Liberatore, créateur de Ranx. Grâce à ce parrainage, il rejoint Albin Michel et s’attelle à la réalisation de Brune. Il reçoit un scénario qu’il n’apprécie pas et qu'il retravaille tant bien que mal. Quant au dessin, il s’enferre dans un style ultra-réaliste similaire à celui de son mentor. Guibert reconnaît lui-même dans un entretien avec Gilles Ciment (merci à qui de droit de m’avoir dirigé vers cette interview) tous les regrets qu'il nourrit quant à ce livre, qu'il renie à demi-mot :
Dans (...) Brune, tout – les anatomies, les perspectives… – cherche à affleurer à la surface, à prendre sa place : il est clair que je ne me sens à l’aise avec rien de tout cela, je me sens incapable de m’en sortir, tout en ayant une fringale de le faire. Donc j’essaye de tout border, au détriment de ce que je raconte. Puis vient le moment où cette nécessité se fait moins forte parce que l’essentiel se dégage, en l’occurrence la nécessité de raconter bien une histoire et parce que votre dessin, s’il a bien évolué, vous sert dans ce propos en allant plus naturellement à l’essentiel.

A la lecture de cet album, et sans connaître les conditions de sa réalisation, je dois reconnaître avoir été extrêmement surpris de voir le nom de Guibert associé à ce livre. Le scénario s’attache à quelques événements-clés de la montée du nazisme, culminant avec l’incendie du Reichstag. Là où le bât blesse, c’est que le scénario se perd dans cette très mauvaise idée de faire d’Hitler une forme de Faust inspiré par un mystérieux ami politique du nom de Hinkefuss (qui peut se traduire par « Pied Boîteux »). Mein Kampf serait même un livre remis par le Diable lui-même à Hitler. Je n’y vois personnellement qu’une allégorie niaise et facile. La narration elle-même paraît empesée, sans que j’arrive à me dire si ce livre est censé être un one-shot ou un premier tome tant il semble n’être qu’une mise en place, laissant ses personnages en plan sans que rien ne se soit réellement passé.
Graphiquement, on sent Guibert batailler avec un style qui ne lui est pas naturel. Il semble écrasé par un parti-pris ultra-réaliste qu’il ne maîtrise pas. Techniquement, je dois reconnaître que le résultat est intéressant, surtout si l’on considère qu’il s’agit d’un premier livre. Mais cette approche ultra-réaliste me semble très datée, froide et raide. En tout cas, elle est à mille lieues de l’épure lumineuse qui caractérise Guibert depuis. Son dessin a gagné en légèreté et en dynamisme. Il n’y a guère que quelques techniques de mise en page que l’on peut trouver en commun entre Brune et La Guerre d’Alan. Pour le reste, il n’y a rien de commun.
Emmanuel Guibert aurait mis sept ans à réaliser Brune, alternant avec des travaux d’illustration et de storyboarding. Après cette expérience éprouvante, il rejoint l’Atelier Nawak en 1994 où il côtoie Joann Sfar, Christophe Blain, Emile Bravo, David B, Frédéric Boilet, Fabrice Tarin, Hélène Nicoux et Tronchet. Au fil des années et des projets de collaborations avortées, Guibert s’affute et finit par illustrer La Fille du Professeur, sur un scénario de Sfar. En parallèle, il rencontre Alan et commence à recueillir ses souvenirs.
La suite est connue.
Et pourtant, au vu de ce premier livre boursouflé, il était difficile d’imaginer que Guibert puisse s’imposer comme l’auteur qu’il est.
Un faux départ, vraiment.
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