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© Cadrat Éditions

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Onomatopées
ScénarioPeeters Frederik
DessinPeeters Frederik
Année2004
EditeurCadrat Éditions
SérieOne-shot !
Bullenote [détail]

 

2 avis

yancomix
Très bel objet, pages imprimées au recto seulement d'une encre bleue profonde.
Si ce livre ne ressemble pas à une suite de Pilules Bleues (la forme est ici entre le journal intime et le carnet de dessin) Frederik Peeters nous invite néanmoins à découvrir la suite des événements. Les pages égrainent les jours de l'attente de la naissance de sa petite fille et les peurs sur le devenir de cette enfant, avec la maladie comme horizon possible.
Mélange de pudeur et d'impudeur, le récit se fait terrible, ou drôle. Les instants de rire franc (le face à face avec Wazem) succèdent aux moments d'angoisses et de doutes. Mais aucune lourdeur, le récit n'est jamais plombant, souvent grâce au trait chorégraphique qui distille un sentiment de légèreté.
On pourrait craindre un sentiment de voyeurisme, mais ce qui domine, c'est surtout l'impression de suivre par-dessus son épaule le dessinateur en action, qui souvent se défoule, moqueur, délirant, ou au contraire attentif, scrutateur au plus prés d'un visage, d'un corps, d'un ventre rond.
coacho
Alors, comment orienter une chronique après une si bouleversante lecture ?…
Ce livre est différent…

La chance me fut donnée d’être un des rares possesseurs de cet ouvrage intime, dans son tirage comme dans son propos et je remercie mon « dealer » d’avoir pu me le procurer…

Sa conception renoue avec les vieilles traditions un peu perdues et nous voilà avec ce petit fil qui coud les pages qui n’est pas sans rappeler un peu nos anciens cahiers…
Et puis les pages, imprimées en bleu, la tranche rouge et le caractère souple de l’ensemble confère à ce livre une forme de vie propre, d’objet qui résonne et palpite en vos mains…

De vie justement, il en est question… D’ode à l’amour, d’hymne à l’espoir, de rage au ventre et de sentiments…
La lecture de « Lettre à une jeune mère » de René Frydman m’avait déjà conquis dans son propos mais dans le cas de Frederik Peeters, c’était le dessinateur qui s’exprimait, un auteur que j'apprécie, l’homme qui ressentait, le père qui parlait… et moi qui était sous l’enchantement d’un écho à mon amour porté à ma fille…

Tiens, d’ailleurs, il est 4 ans plus jeune que moi mais nos filles n’ont que 12 jours d’écart, cela a créé une attention plus intense encore de ma part…
Mais que pouvait-il pouvoir raconter sur ce long cheminement de la paternité ?
Quelque chose d’incroyable, de paradoxal…
Je tenterai de la nommer, de définir cela comme l’universelle aventure unique !
Je sais, je suis fou, je m’emporte, mais qu’importe !
Ce que chacun vit, je parle pour les hommes, lors de cette mutation qui nous fait quitter la chrysalide de notre insouciance pour plonger vers la lumière de la paternité, Frederik nous le conte à son tour…

Les angoisses d’une médicamentation inadaptée et la peur de l’irréversibilité des dommages causés à ce petit être, l’attente des clichés dénoncés comme les envies, de fraises ou autres, les joies immenses des premiers mouvements sentis sur la surface du ventre de sa douce et tendre, les sautes d’humeur d’une maman perturbée physiquement, hormonalement…
Enfin, une longue liste de sentiments que Peeters égrène et que je ne voudrais pas dupliquer…

Car ce livre contient une part de nous, et ainsi de notre intimité, et il est réconfortant de pouvoir trouver comme une résonnance de ce qu’on a vécu, qui pousse à la communion…

Nul n’est exclu de ce moment privilégié passé avec la petite famille de l’auteur et même si ceux qui ont connu le phénomène de la paternité riront à l’évocation de situations qu’ils ont eux-mêmes vécues, ou bien se verront remonter ces petites doses de stress dans la poitrine en repensant à ces moments de doutes qui naissent immanquablement à la moindre contrariété d’un déroulement de grossesse normale, les autres pourront trouver des réponses à leurs questions, ou bien pourront se laisser bercer par un sentiment incroyable de pudeur, d’enthousiasme, de joie, de peur, et entériner définitivement Peeters comme un grand raconteur de sentiments, ceux-ci lui étant si personnels…

Bien sûr, j’ai fait une impasse jusqu’ici, celle de la maladie…
Car sombre, tapie dans l’ombre, elle ourdit comme un complot contre le bonheur de Kali et Frederik, elle montre avec quelle force elle peut blesser Elliot, et qu’elle se fera attentive à cette future proie qui arrive…
Mais le combat de la fatalité est l’essence même de ce couple, la croyance en l’avenir, et ce pari osé de forcer l’amour à vaincre la douleur est à couper le souffle…
Il est des moments tellement intenses qu'il est presque impossible de réprimer quelques tremblements… Etre désemparés face à notre incapacité à les aider…

Une scène humoristique de l’allégorie recherchée par Peeters pour lutter contre la maladie est à mon sens très forte dans son ironie… En six image d’un combat de jeu vidéo de Kali face à la Mort, et vous avez toute la représentation de l’énergie qui anime ce couple qui n’aspire qu’à être heureux…

Même si on ne peut pas s’empêcher de penser que donner la vie, c’est donner la mort, puisque le compte à rebours biologique s’enclenche au moment de la création, on n’en vibre pas moins à cette volonté farouche de nous multiplier, et de partager l’euphorie et la magie de ces instants hors-normes…

Je connais ma propension à écrire, écrire, écrire mais rien n’y fait…
Les mots me manquent… leurs maux sont beaux…

Pour ma part, moins touché par l’aventure sentimentale de Peeters dans Lupus, pour des raisons personnelles, je suis ici, encore pour des raisons très personnelles, réconcilié avec son analyse comportementale d’un individu face à la plus exaltante aventure de sa vie…

Pour ceux qui auront la chance de lire cet ouvrage, par respect pour eux, je les laisserai découvrir l’issue de cette histoire, jusqu’au Post-Scriptum laissé par Peeters qui décrit combien l’amour peut triompher d’obstacles difficiles et combien ce même amour nimbera d’un halo protecteur les enfants pour lesquels tout aura été mis en œuvre pour les mener à la vie… La vie… Justement… Dans ce livre, il en est question…
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