|
| |
|
|
|
|
| Dans Oliver Twist, le héros qui donne son titre au livre le plus connu de Charles Dickens est recueilli par un certain Fagin, juif de son état. Ce dernier, présenté par Dickens comme le stéréotype du Juif exploiteur et avare, ne fait que passer dans le roman. Eisner imagine et décrit son histoire, faite de misère, de racisme et de désillusion… |
  Matt Murdock
| Fagin le Juif de Will Eisner ne fait pas dans la joie. Ici Eisner corrige l'interprétation caricaturale que donnait Dickens sur Fagin dans Oliver Twist. C'est donc l'histoire de Fagin qui a grandi dans la rue, et enduré la misère, les vols, la prison, avant de recueillir le jeune Oliver Twist. Eisner dans son histoire dénonce le racisme et l'antisémitisme subit pas la communauté juive anglaise du 19ème siècle, racisme et cruauté que Fagin va prend de plein fouet.
La première partie n'est qu'une succession de malheurs qui s'abattent sur ce personnage, non sans un certain sentiment d'injustice. Chez d'autres auteurs j'aurais tendance à dire que c'est s'acharner sur ses personnages pour rien. Mais là chez Eisner, c'est émouvant, c'est beau, il a un génie pour décrire des situations implacables s'abattant sur ces personnages sans que cela soit chargé, l'émotion et la dénonciation du racisme sont au rendez-vous. On est sûr que tout va mal se finir pour eux, que les personnages sont bons pour la chute, mais Eisner sait parfaitement exprimer des sentiments forts dans cette chute permanente. Il a quelque chose de Selby Jr parfois (je sens ami lecteur que tu te dis que c'est la deuxième référence un peu tordu, je sais, mais si on enlève la description trash de l'univers de Selby, il y a aussi une description implacable de la chute de ses personnages). Fagin finira pendu, victime du racisme, et des salauds qui l'ont vendu à la police, et se sacrifiera pour qu'Oliver Twist finisse heureux et riche.
Avant de faire partir son personnage, Eisner accordera une réponse poignante de Fagin à Dickens, véritable plaidoyer contre le racisme et l'indifférence. Si j'ajoute les dessins parfait (que ce soit le trait, le découpage, quel style !) on tient là du gros avec ce Eisner, une Bd forte, anti-raciste. |
|
|
|
|
|
| |
| |