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© Cornélius

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David Boring
ScénarioClowes Daniel
DessinClowes Daniel
CouleursNoir et Blanc
Année2002
EditeurCornélius
CollectionSolange
SérieOne-shot !
Bullenote [détail]

 

4 avis

Bullejury 2002
Cet album a été sélectionné par le bullejury pour l'année 2002. Il ne fait pas forcément l'unanimité mais correspond à un coup de coeur d'un membre particulier du jury, les différentes sensibilités y sont ainsi représentées (du moins on l’espère) . Quelques lignes rapides pour motiver ce choix :
"David Boring, c'est comme Paul Auster en bande dessinée : un mélange de fantastique, de personnages torturés et de situations ubuesques, le tout servi par le dessin chirurgical d'un Daniel Clowes très en forme. Bref, une Bande Dessinée qui ressort véritablement du reste de la production..."(Gilles)

Album classé "bullechouchou" dans la catégorie "bulledécouvertes" et dans la catégorie "bullechampion".
gally
Comme son nom l’indique, David n’est pas un type passionnant. Il mène une vie minable, entouré de gens minables et son seul passe-temps consiste à collectionner des images pornographiques bizarres. Il recherche la femme idéale, les critères sont précis, on pourrait en dresser une liste. Normal qu’il ne la trouve pas et accumule des relations sexuelles aussi intéressantes que celles des protozoaires en milieu aqueux. David est un adolescent qui tarde à devenir adulte. Il flotte dans un état d’esprit désordonné, sans consistance, s’attardant sur des détails insignifiants du quotidien. Et pourtant, alors que le lecteur baigne continuellement dans ce marasme, Daniel Clowes réussi à en faire un ouvrage passionnant, bourré d’observations psychologiques ; à la fois dense, étonnant et drôle. Ça ne m’étonne pas que ce petit bijou du comics underground soit nominé aux Alph Art du meilleur album à Angoulême !
doremi
Après avoir lu "Caricature", "Ghost World" et "Comme un gant de velours...", je n'étais pas vraiment convaincu par Daniel Clowes. En fait, je trouvais les histoires trop décousues et je n'y percevais aucune trame. J'avais l'impression qu'il s'agissait d'une suite de situations vécues par des personnages bizarres sans véritables liens entre elles. Mais j'ai quand même acheté David Boring... j'aime vraiment bien le dessin de Clowes qui a l'air très épuré mais qui, en réalité, fourmille de détails incroyables.

Donc l'histoire de David Boring m'a surpris par rapport à ce que j'avais lu avant de Clowes. Le fil conducteur est très clair : David cherche l'idéal féminin, qui est vraiment très précis et qui correspond à sa cousine Pamela, le sujet de son premier émoi amoureux lorsqu'il était jeune adolescent. Depuis, il recherche chez les femmes l'image qu'il a retenue de Pamela. Il croit à chaque fois l'avoir trouvée mais ses histoires d'amour n'ont aucun lendemain... jusqu'à ce qu'il tombe sur Wanda. Mais celle-ci le largue après quelques temps, ce qui le laisse dans un désespoir profond... mais il n'a pas le temps de se morfondre très longtemps car il se fait tirer une balle dans le front en rentrant un soir chez lui. Par qui ? Pour quoi ? Comment va-t-il survivre ?

Comme d'habitude les personnages de Clowes semblent n'avoir aucun relief, embourbés qu'ils sont dans leur quotidien et leur quête d'idéaux sans queue ni tête. La psychologie des personnages est particulièrement approfondie et on se prend d'une infinie sympathie pour chacun d'eux, même les plus malsains : Wanda qui cherche à faire l'amour avec "Dieu", Man qui terrorrise sa jeune femme de 16 ans, la belle-mère de Man qui séduit David, le vieux bonhomme qui annonce la fin du monde... Personnages parfois fantoches, pervers, fétichistes, obsédés... mais qui nous ressemblent par bien des côtés. Clowes détricote nos idéaux de vie et en révèle toute leur absurdité. Mais en même temps, il nous déculpabilise car ces idéaux, qu'on le veuille ou non, forgent nos attitudes et nos comportements quotidiens.

Pour aborder l'oeuvre de Clowes, c'est peut-être le bouquin par lequel commencer. Personnellement, David Boring me permet de mieux comprendre a posteriori ce que j'avais déjà lu de Clowes auparavant. Je vais donc aller relire les autres :-)
sixpieds
Les flingués du bocal sont de retour. Et dans la bande d'accros aux petites perversités quotidiennes, David Boring n'est pas le dernier sur la liste. Sa vie de citoyen ordinaire se partage entre ses fantasmes féminins (observations anatomiques maniaques, compilation d'images) et le statut tragique d'enfant abandonné par un père dessinateur de comics quasi inconnu dont il cherche la trace (les échos d'une ressemblance ?) au travers de quelques pages éparses retraçant les aventures de "La griffe jaune". Deux directions qu'il emprunte selon la chance du moment, encore que question chance, David Boring peut mieux faire...
C'est en allant enterrer son meilleur ami d'enfance qu'il rencontre la troublante Wanda Kraml, aussitôt promulguée femme idéale de par sa ressemblance avec une image de femme nue qu'il conserve dans un livre, sa bible érotique, héritage de son adolescence. Re-rencontre, brève liaison puis disparition de la quand même assez bizarre Wanda. Il se laisse consoler par sa colocataire, Dot, jeune lesbienne aussi désorganisée que lui côté cœur avant de... ha ? prendre une balle dans la tête ? Mais, on est à peine à la fin du premier chapitre ?... S'ensuit, mais on n'entrera pas dans les détails, une convalescence assez pénible composée de fantasmes de troisième guerre mondiale, d'un huis clos éprouvant dans une maison isolée au beau milieu d'un lac, de souvenirs d'enfance saupoudrés de secrets de famille et de… Wanda, toujours présente à l'esprit du jeune anti-héros souffreteux. Un tourbillon de situations comme aime à les manier Daniel Clowes avec son style pince-sans-rire qui mouille de glamour fifties et asperge de rebondissements lynchéens ses histoires, blanches comme un feuilleton de l'Amérique très profonde ; puis les essore à la folie ordinaire (passion des armes, farfouillage intime, philosophie de music-hall) des vrais pionniers de l'ouest. L'univers de Daniel Clowes se déroule comme une vaste agoraphobie à l'échelle d'un continent où tous les protagonistes intériorisent leur mal-être jusqu'à l'inévitable et violente ouverture des vannes.
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