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  oslonovitch
| Pour une fois que Jason abandonne les BD muettes, il se rattrape carrément avec cet album qui laisse une place de choix à des phylactères abondants. L'ambiance de cette "Bille Blanche" est très réussie avec un ton doux-amer, un ton très "british" qui cherche à résoudre une énigme entre deux tasses de thé parmi des personnages bien élevés et cultivés (même si le meurtrier est bien quelque part !).
Dans cette histoire, l'enquêteur venu depuis Kristiania (Oslo en 1909) a des réactions et surtout des façons de s'exprimer qui font de lui un lointain cousin d'un certain Hercule Poirot : raffiné, intelligent mais impitoyable, cet enquêteur est là pour découvrir le coupable. Certes on pourra regretter que même sans être enquêteur soi même, le lecteur découvre très très vite l'identité du meurtrier. Mais finalement et c'est là la force narrative de cet album, ce n'est pas vraiment là l'important. Non, car le récit est bien conduit, on est très impliqué dans cette aventure, on se sent aspiré par ces personnages doux, ce paysage minimaliste à l'extrême mais pourtant expressif à outrance. On est complètement sous le charme de ces mystères ingénieusement répartis à des endroits peut être attendus mais importants du récit. Et enfin on craque vraiment devant le dessin qui colle si bien à cette ambiance aigre-douce, avec l'arrivée d'une troisième couleur dans les BD de Jason qui lui permet de jouer sur les nuances afin de dépeindre les nuits norvégiennes, au centre de l'intrigue.
Ne connaissant pas le roman originel écrit par Stein Riverton, je ne peux juger de la fidélité de cette adaptation en BD. Toutefois comme souvent avec Jason, la lecture du char de fer est un moment d'une rare tendresse, un petit conte que l'on ne peut reposer avant de l'avoir terminé.
Voilà donc une bien belle réussite à découvrir d'urgence.
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Eugene le jip
| A l'aide de ses personnages muets, Jason avait créé un univers minimaliste tout à la fois burlesque et tragique. Et tout le monde se sentait concerné par ces petites histoires quasi-universelles parlant de la vie, de la mort et de l'amour. Le côté muet accentuait le côté burlesque et obligeait l'auteur a utiliser un langage propre, particulièrement inventif.
En passant au phylactère et en se collant à un scénario classique, certes tiré d'un roman policier d'un auteur sans doute respectable (je ne l'ai pas lu), Jason change radicalement son fusil d'épaule, sans changer son dessin.
C'est ce qui me gêne le plus dans cette BD, l'absence d'adéquation entre le dessin et l'histoire. Les personnages sont souvent innexpressifs, sans nuance alors que l'histoire est un thriller psychologique jouant davantage sur la psychologie des personnages que sur l'action proprement dite.
le passage du muet au parlant nous prive aussi d'un grand plaisir. Les informations passent plus par le texte que par l'image et le découpage, autrefois éminement inventif, est on ne peut plus classique. D'ailleurs, quand jason oublie le texte (quand le personnage principal rêve, par exemple), on retrouve un peu de la magie d'avant, celle qui habite les pages de Chttt et Attends. |
Gilles
| Jason est un auteur norvégien né en 1965 qui vit en France depuis 2001. Il privilégie souvent des histoires sans paroles comme dans Chhht! ou Dis-moi quelque chose mais ce n'est pas le cas avec Le char de fer qui est une adaptation d'un roman norvégien de Stein Riverton paru en 1909.
Dans une atmosphère très britannique, Le char de fer est une histoire policière mêlée de fantastique ( une légende de char de fer qui revient hanter la campagne ) dans lequel un détective enquête sur un crime. Le scénario peut sembler mince ou déjà vu mais l'investigation est quasiment secondaire tant Jason multiplie les signes pointant vers le coupable. La force de cet album réside plus dans l'atmosphère que les personnages inexpressifs de Jason insufflent à l'histoire. Dès les premières pages, le décalage entre le texte très littéraire et la simplicité des dessins m'a intrigué avec force. A mesure que progresse l'enquête, la tension devient de plus en palpable jusqu'au dénouement final très dramatique.
Au niveau du dessin, Jason privilégie comme à son habitude un gauffrier classique et des points de vue simple qui font le charme de son style. A noter une excellente utilisation de bichromie avec un rouge brique cramoisi qui alourdit l'atmosphère de l'histoire.
Bref, un excellent album que je vous recommande chaudement. |
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