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vacom
| Panique est un café comme les autres. Le point de rendez-vous de tous les habitants du quartier, idéal pour converser gaiement de tout et de rien et se raconter des histoires extraordinaires. Comme s'ils répondaient ainsi à un besoin bien précis : s'évader, fuir ce froid du monde extérieur pour puiser un rien de chaleur humaine dans ce lieu d'échange, d'écoute et de rencontre. Pour briser la triste réalité par des récits aussi improbables que délicieusement décalés.
Bref, Panique est un refuge, un lieu béni où le temps suspend sa course infernale pour nous offrir ce dont nous avons besoin : un instant de répit, une bouffée d'oxygène. Enfin on respire, enfin on prend le temps de vivre, de se laisser vivre.
Tel est également le rôle de cet album adapté de nouvelles de l'écrivain et dessinateur Roland Topor, disparu en 1997. De bout en bout, il vous fait voyager aux confins de ce pays où l'imaginaire est roi et l'impossible rien de plus qu'un vague souvenir. Et la magie fonctionne : vous êtes absorbés par l'univers graphique si particulier d'Alfred. De son trait si exubérant à ses couleurs si lumineuses, c'est un émerveillement permanent.
Un récit à ce point captivant, qui sublime la réalité avec autant d'inventivité, de maîtrise,... bref de talent, ne peut être l'oeuvre que d'un futur Maître. Soyez-en sûrs... |
Benny
| Café Panique c’est avant tout un petit bistrot populaire. Niché à l’intersection de deux rues sans noms, dans une ville comme les autres. Panique est le comptoir de quartier où se croisent voisins et amis autour d’un petit pichet de vin.
On y voit Cul Sec un peu nerveux car il tente d’arrèter de fumer, Verre en main entouré de deux belles filles danoises. Il y a aussi Pomme Vapeur prévoyant à la lettre son avenir pour être certain d’être toujours à l’heure, Deux Minutes la serveuse au joli sourire... Tous les camarades d’un soir, d’un verre, sont présents, chacun avec une histoire, une petite anecdote à raconter. Ils se rencontrent, naturellement, rient et font vivre ensemble ce lieu clos intimiste.
Rares sont les librairies, notamment en province, qui peuvent fièrement afficher cette bd en vitrine. Pourtant, Café Panique est une bande dessinée marquante. C’est avant tout un hommage passioné d’un auteur bercé dans sa jeunesse par les écrits de Roland Topor. Ayant aujourd’hui grandis, Alfred décida de consacrer à cet homme charismatique une complète bande dessinée.
La couverture annonce immédiatement le style étonnant, original, cherchant au delà du réalisme la représentation de caractères, et de sentiments, finalement on s’en passione. Alfred prend plaisir à écrire et à dessiner, et cela se voit. Dessins et couleurs nous plongent dans l’ambiance du lieu, reproduisant cette atmosphère ennivrante mélant tabacs et alcools. Tout y est, les bouteilles, les cendriers, jusqu’aux cacahuètes sur le comptoir, et ces fleurs au fin fond des verres...La porte claque, un peu d’air froid du dehors pénètre la chaleur de la salle... Cela y est, nous y sommes, au sein même du bistrot, la page 5 à peine atteinte.
Ensuite ça ne s’arrète plus, on parle, on s’amuse, on s’évade, énivré par quelques verres. Les détails disparaissent, la vie devient floue et tout apparait étrangement fleuri. Mais comme toujours il y a une fin, même dans ce lieu que rien ne semble pouvoir toucher. “Topor est mort”. Ainsi, cet endroit et ces gens qu’il avait autrefois imaginé deviennent éternellement figés. Alfred , véritable poête, ralenti alors le temps. Le spectacle se termine, et nous, lecteurs attentifs, on en redemande.
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