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© Casterman

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120, rue de la Gare
ScénarioMalet Léo | Tardi Jacques
DessinTardi Jacques
Année1988
EditeurCasterman
SérieNestor Burma, tome 2
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Bullenote [détail]

 

1 avis

Charlie Brown
« T’es dégueulasse, tu as tout d’un flic !»

Ainsi s’exprime Bébert, s’adressant à Burma, alors que ce dernier s’attache à prendre les empreintes du macchabée, le matricule 60 202, amnésique de son état, qui vient d’avaler son extrait de naissance dans la froidure de l’automne pourri de 1940 au fin fond du stalag XB, entre Brême et Hambourg.
Nestor Burma, l’homme qui met le mystère K.O., tout prisonnier de guerre qu’il soit, n’en reste pas moins le directeur de l’Agence Fiat Lux, enquêtes et filatures. On ne se refait pas !
Dans un dernier souffle, l’amnésique a lâché une adresse : « 120, rue de la gare » !
Décembre 1941, Burma rentre au bercail, ou presque… De passage à Lyon-Perrache, il aperçoit son ancien collaborateur, Bob Colomer, sur le quai de la gare. Il le hèle alors que le train redémarre. Colomer se précipite à la fenêtre du compartiment lorsqu’il est abattu de cinq balles dans le dos. Il n’a que le temps de glisser à l’oreille du patron la même adresse fatidique : « 120, rue de la gare » !

Ainsi débute le premier, et magistral, roman de la série des Nestor Burma, paru en pleine Occupation, et dont Tardi (aka « le meilleur adaptateur de polar pour la bande dessinée au monde »… cela n’engage que moi, mais de toute façon, j’ai raison !) tire un chef-d’œuvre indépassable.
Quelle ambiance, mes aïeux !
Du stalag allemand au brouillard de la capitale des Gaules (« Putain de ville de merde ! »), puis de Paname à sa banlieue cambroussarde et ennuyeuse, Tardi nous plonge avec brio, cela va de soi, dans l’atmosphère poisseuse, lugubre, humide et froide du monument de Léo Malet (pour moi, le meilleur bouquin des deux auteurs), l’Occupation et le vichysme en toile de fond.

« T’as vraiment tout du flic, Burma ! »… Ce leitmotiv reviendra tout du long, ponctuant un bijou d’intrigue habilement conduite (et construite), que des dialogues savoureux (l’autre point fort de Tardi… déjà que Malet n’est pas manchot dans le genre, la conjonction des deux est forcément un pur bonheur !) viennent sertir telle une bague de bourgeois cossu…

Un must de la littérature policière à la française, transformé en must de la bande dessinée… Que demande le peuple ?... Rien, si ce n’est le plaisir de le lire… et celui de le relire dès que les tenants et les aboutissants se sont partiellement effacés de la mémoire du lecteur…
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