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© Casterman

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Blue
ScénarioNananan Kiriko
DessinNananan Kiriko
CouleursNoir et Blanc
Année2004
EditeurCasterman
CollectionSakka
SérieOne-shot !
Bullenote [détail]

 

4 avis

petitboulet
Au bord de la Mer du Japon se trouve un lycée pour filles, où Masami Endô et Kayako Kirishima, deux jeunes élèves apparemment sans histoire, étudient dans la même classe de terminale. Une amitié, née d'une certaine fascination de Kirishima pour le côté mystérieux d'Endô, va lier les deux jeunes femmes, pour évoluer petit à petit et se transformer en amour... Entre espoir et crainte du futur, amours lycéennes et non-dits destructeurs, Kiriko Nananan nous entraîne à la rencontre de ses deux séduisantes héroïnes, le temps d'une année...

Blue de Kiriko Nananan fait partie des premières sorties de la collection "Sakka" de Casterman, dirigée par Frédéric Boilet (L'épinard de Yukiko, Mariko Parade...). Le nom de cette collection, qui signifie "auteur" en japonais, résume parfaitement les ambitions de Boilet : faire connaître au public francophone la bande dessinée d'auteur venue du Soleil Levant. Et force est de constater que Kiriko Nananan, avec cette histoire d'amour entre deux lycéennes, n'a pas usurpé son statut. A travers ses choix narratifs, son propos, son trait, Blue s'impose comme un des ouvrages les plus intéressants et étonnants de cette prolifique rentrée.

L'histoire en elle-même paraît peu attractive au premier abord. Mais comme pour toutes les bonnes histoires d'amour, c'est le traitement que lui apporte l'auteur qui fait la différence. Ici, le scénario est illustré par un trait fin, sobre et élégant. Kiriko Nananan aime les contrastes et parsème ses planches, habituellement très claires, de légers aplats noirs et de quelques rares trames. Ainsi, elle crée une impression d'espace, renforcée par de nombreuses cases totalement blanches et par des décors souvent inexistants, ou réduits au strict minimum. Cela procure aussi une sensation de calme, et une certaine langueur, parfois contrebalancée par une case ou même une planche complètement noires. La simple présence de ces cases, par un effet de contraste, durcit et amène une dimension dramatique au récit.

Blue possède un rythme très particulier provoqué par le découpage original de Kiriko Nananan, qui joue avec la largeur des espaces inter-iconiques pour donner l'illusion que plus ou moins de temps se passe entre une case et une autre. Elle aime placer en fin de planche des espaces complètement blancs, comme autant de points de suspension invitant le lecteur à poursuivre la scène dans son imagination. Elle use aussi dans son récit de cadrages hors-champs, de "non-dits graphiques", se focalise sur des détails anatomiques, tels les mains ou les pieds, coupe les visages de ses personnages ou va jusqu'à occulter complètement les adultes, qui ne sont dans le livre que de vagues formes ou des silhouettes de dos. Ainsi, l'auteur sollicite la participation du lecteur et le désigne comme co-auteur pour remplir les blancs qui parsèment les pages de l'ouvrage. C'est par cette alchimie que Blue fonctionne, et prend toute sa dimension.

Kiriko Nananan a créé un scénario en parfait accord avec son traitement graphique, où les non-dits et la sensualité jouent une place prépondérante. Kirishima est enveloppée d'une aura de mystère, renforcée par son caractère taciturne, qui lui donne un côté séduisant. C'est aussi le mystère qui entoure sa camarade Endô qui attire et fascine Kirishima. Mais cet inconnu peut aussi détruire tout ce qui a été construit entre elles, par le mensonge, le manque de communication et de franchise et surtout la peur de décevoir l'autre en se mettant à nu. C'est sur cette peur, que Kiriko Nananan construit son récit: peur de l'autre, de se montrer, peur de l'avenir, de ne pas être à la hauteur des attentes de sa famille et de celle qu'on aime... Derrière l'ambiance calme et apaisée qu'amène le traitement graphique se cache une grande anxiété et un mal de vivre.

Blue étonne et séduit par son originalité formelle, par la justesse des sentiments décrits et par l'empathie et la complicité que Kiriko Nananan parvient à créer entre ses deux héroïnes et le lecteur. Voilà une talentueuse jeune femme dont on reparlera beaucoup et très rapidement, puisqu'un autre de ses livres, Water, devrait sortir au début de l'année prochaine, toujours dans la collection "Sakka".

herbv
Paru en 1996 dans la revue Comic Are, puis édité par Magazine House, Blue est emblématique de l’œuvre de Kiriko NANANAN, dédiée aux tourments de la jeunesse japonaise d’aujourd’hui. Le bleu, c’est celui de la mer que Kayako vient contempler, après les cours. Un jour, la secrète Masami l’y accompagne. L’amitié se mue en amour, puis en souffrance, chacune ayant des aspirations et obligations différentes. Pour interpréter ce blues sentimental, Kiriko NANANAN colle au plus près des visages et des corps de ses deux héroïnes. Son trait sensuel et épuré, et ses aplats de noir, blanc et gris, apportent une limpidité très esthétique au récit. De la BD intimement féminine, violemment sensuelle sous des dehors tendres.

Dans ce one-shot, Kiriko Nananan nous décrit tout en sensibilité, la naissance et la fin d'un amour entre deux jeunes lycéennes. La force de l'histoire est le réalisme des sentiments, des personnages, des situations. L'auteure en profite pour nous dépeindre la vie sociale et sentimentale d'un petit groupe d'amies dans un lycée de jeunes filles tout en subtilité et finesse. Ainsi, nous avons droit à autre chose qu'à une simple bluette adolescente mais à des portraits et des situations illustrant un certain malaise de vivre le passage à l’âge adulte dans la société japonaise contemporaine. Sinon, le dessin minimaliste de la mangaka est superbe même si cela est aussi le petit défaut de ce manga, car au début, on a du mal à distinguer les personnages les uns des autres. Mais on y arrive de mieux en mieux au fur et à mesure de la lecture.
Noir Firebird
La couverture de Blue est à coup sûr totalement atypique dans le petit monde du manga. Un fond bleu roi, sur lequel se dessine une silhouette tracée en noir, à peine visible au milieu de cet infini marin. Dommage que la sobriété de la chose soit gâchée par l’immonde logo de la collection Sakka, sursignifié par l’usage d’un orange complètement hors de propos que n’aurait pas renié Pika et son agenda. Un mauvais point, qui heureusement, restera isolé, à l’exclusion d’une impression impeccable mais parfois baveuse. Pour moins de dix euros, c’est tout à fait honorable.

La lecture de Blue n’est au premier abord pas idyllique. Le dessin choque nos habitudes, tant il est simple : hormis les vêtements, il est très dur de différencier une fille d’un garçon chez Nananan. Même problème pour certains personnages féminins, né principalement du non-usage de trames sur les visages, ainsi que de la volonté de ne pas compliquer le dessin par la création de personnages trop dissemblables physiquement. De fait, les vingt premières pages se font rebelles : les héroïnes se ressemblent trop, et la lecture se hache, ralentie par les tentatives du lecteur pour essayer de déterminer qui est qui. Cependant, une fois que l’on s’est bien imprégné du trait minimaliste de la mangaka, il devient possible de se plonger dans les entrailles de la bête, et d’en tirer tout son potentiel.
A ce titre, il est bon de lâcher le mot tout de suite : Blue est un chef-d’œuvre, un sommet de la BD qui se dévoile tout en pudeur, dans un effarant minimalisme, attenant à un propos sans profondeur, mais traité avec un génie palpable.
Il n’y a chez l’autrice aucune ambition grandiloquente, ni encore d’illusions sociologiques ou macrocosmiques dans le traitement : en cela, elle réussit là où Ebine Yamaji, par un excès de possibles évoqués, échouait. Nananan choisit rapidement d’isoler totalement ses personnages par rapport à la société et ses corollaires : ne restent qu’un lieu de rencontre, l’école, et un motif structurel de déchirement, l’ascension sociale. La société n’est donc représentée que de façon allusive, réduite la plupart du temps à une simple présence latente, qui oppresse et modifie les comportements, mais n’agit pas directement.

Pas de crainte, donc, de sursignification dans Blue. En effet, on pourrait même parler pour ce one-shot d’absence de signifié, tant il apparaît clairement que la mangaka cherche à exposer quelque chose de simple, de fugace, mais surtout, de puissant. Par la représentation presque austère de la relation amoureuse de deux adolescentes, Nananan préfère se focaliser sur des mots dénués de portée mais lourds de sens pour les personnages, ou encore des gestes et des regards, sobrement rapportés par un découpage qui marche à l’économie, mais audacieux. La scène de coupage de cheveux, par exemple, en dit long sur la capacité de la mangaka à figer la simplicité d’un langage du corps au moins aussi important que les mots.

Difficile donc de savoir où Nananan veut réellement nous emporter. Entre un conte romantique, portrait d’une adolescence mélancolique, et un récit inexorable sur une pureté éphémère, Blue se pose comme une quête éperdue de bonheur, entre maturité et caprices adolescents. Une œuvre magique, que l’on oubliera pas.
glotz
Des yeux, des cheveux, des sourires et parfois, des mains. Quelques éléments graphiques inlassablement répétés, qui se fondent dans des décors le plus souvent inexistants. Toute la force d'un trait épuré à l'extrême rejaillit de Blue, un des premiers mangas à être paru dans la collection Sakka, et qui s'était fait remarqué pour cet extraordinaire pureté graphique. Les personnages, indifférenciés au départ, le sont tout autant après 220 pages pour le lecteur inattentif, tout étant affaire de contraste infime : une mèche, un cil, la discrète ondulation d'un menton. Pourtant la lecture n'est jamais interrompue par de ces légères difficultés, le monde de Kiriko Nananan n'étant que légéreté et calme serein. Hélàs, au crédit de la facilité de lecture, on peut ajouter le scénario. La traduction arrive à rendre l'aspect poétique de l'original (dans les récitatifs introductifs et inter-chapitriels), et l'adaptation semble correcte. Mais cette histoire est trop banale : deux filles se lient d'amitié, amitié qui dégénère en amour pour l'une, l'autre hésite, ressurgit une ancienne affaire d'amour, hétérosexuelle qui met fin sans tout à fait la détruire l'histoire. Amour impossible, amour trop peu sécurisant ; et puis les études séparent les deux amies. Kiriki Nananan nous raconte la fin d'une amitié. C'est intéressant, on se laisse porter, puis on referme Blue avec un léger sentiment d'insatisfaction. Dans un tout autre registre, Ghost World traitait bien mieux de la fin d'une amitié entre deux filles très liées (sans relation homosexuelle). Un manga décevant, mais très beau.
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