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© Rackham

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300
ScénarioMiller Frank
DessinMiller Frank
CouleursVarley Lynn
Année1998
EditeurRackham
SérieOne-shot !
Bullenote [détail]

L'armée persane - si puissante que la terre tremble sous ses pas - s'apprête à écraser la Grèce, île de raison et de liberté dans une mer d'obscurantisme et de tyrannie.
Entre la Grèce et cette vague destructice il y a un petit détachement d'à peine trois cents guerriers. Mais ces guerriers sont plus que des hommes... Ce sont des Spartiates.

 

2 avis

hoody
Thermopyles et ses spartiates: c'était trop tentant pour Miller, il fallait qu'il s'approprie cette bataille mythique taillée sur mesure pour son style.

Et il nous livre du pur Miller, très dur, à la limite du nazifiant (glorification du sacrifice, du courage au combat, de la mort de l'ennemi, patriotisme élitiste...). Mais bon un Miller, je le lis pas comme un David B. ou un Pratt, il faut prendre un certain recul. Avec ce regard un peu critique, j'ai pu déguster cette histoire carrée menée avec talent et style. La voix-off est bien-sur omniprésente et lyrique, comme toujours avec lui.

Mais là n'est pas à mon avis l'intérêt de 300. Dans 300, le rapport habituel scénario/dessin s'inverse et l'histoire (meme si très sympa) n'est qu'un écrin pour un dessin somptueux, mais alors somptueux. Tout en très gros effets souvent sur toute une page, au programme: contrastes gargantuesques, contre-jours à gogo, mouvement de foules, etc. Le trait de Miller est unique, à la fois crade et gracieux.
Vous me direz, on a déjà vu pour Sin City... Mais ici Miller est associé à Lynn Varley pour les couleurs (comme pour Dark Knight) et là c'est la claque! Il nous lache des tons fins et chauds qui nous immergent tout de suite dans la Grèce et surtout il réalise avec ses encres un travail sur la "matière" bluffant et tellement réjouissant à l'heure de l'ordinateur. Mention spécial pour les ciels, ennivrants à eux seuls.

En meme temps, 300 reste bien une BD, et c'est le mariage parfait scénario/dessin qui nous permet d'apprécier autant des pages toutes plus mythiques les unes que les autres. Du style, un peu outré, un peu poseur, mais jamais de fixité froide ou de débauche graphique incompréhensible.

Et puis il y a un format atypique. 300 est vraiment un objet luxueux qu'on exhibe à ses amis avec fierté, tant son contenu est beau (magnifique maquette de Rakham, au passage). Et surtout on se le relit à toutes les sauces, on savoure toujours un peu plus ces planches qu'on pourrait toutes encadrer. Alors une fois que vous avez bien compris à quoi vous devez vous attendre, jettez vous sur cette petite bombe de 1998 qui n'a pas pris une ride.
CoeurDePat
En lisant "300", on ne peut guère qu'ouvrir de grands yeux. Visuellement c'est en effet superbe. Les couleurs, sombres, sont magnifiques et les jeux de lumière sont remplacés ici par d'abondants jeux d'ombre, souvent impressionnants. Pour autant, certaines gueules sont assez typées "américain", comme la femme de Léonidas ou le capitaine par exemple...

"300" s'inspire de la bataille de Thermopyles, où une poignée de Spartiates résistèrent à la gigantesque armée Perse. Mais ce n'est pas le côté historique qui fait sa force. Non, sa force c'est sa dureté, l'esprit implacablement obstiné et résolu des Spartiates, cette obsession d'être un guerrier, d'être dur, fort. Cet aspect est rendu de façon si magistrale qu'on en est tout ébloui, même si on se dit (raisonnablement) que tout ça déborde un peu de téstostérone...

Mais justement, ça marche. Miller prend un trait et le pousse à fond, sans hésiter, tout comme la résolution de ces Spartiates, d'ailleurs. Les personnages ne sont pas sympathiques, ils ne sont pas faits pour ça, non, mais ils sont admirables. Il y a aussi beaucoup de fatalisme dans "300". Mais du fatalisme positif, si on peut dire; celui qui consiste à assumer ses choix jusqu'au bout.

Miller joue aussi la carte du comics de super-héros. Ca me rappelle ce texte dans la bouche de Warren Ellis, dans "Powers" : Quelqu'un qui lit 300 comics de super héros chaque mois est un malade qui a besoin d'un médecin. J'arracherai à son cadavre encore fumant toutes les choses qui ont conduit les super héros à dominer les comics. L'énergie démesurée, les visuels épatants, le fétichisme et tout ça, pour l'appliquer à d'autres genres et d'autres histoires. C'est exactement ce que l'auteur a fait ici, et le résultat fonctionne à merveille.

Voilà, "300" n'est certainement pas un album profond, mais c'est par contre un album absolument superbe, et d'une efficacité incroyable.
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